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Les milliardaires de l'EspaceLongtemps exclusivité des agences gouvernementales, surtout américaine et russe, le programme spatial a vu débarquer ces derniers temps des milliardaires prêts à dépenser leur fortune – ou en tout cas, une partie de celle-ci – pour assouvir leur passion et concrétiser leurs rêves les plus fous. Si, au départ, ils étaient peu pris au sérieux, les successifs exploits réalisés en font les nouveaux héros de l’Espace. Mais qui sont et où vont Elon Musk, Jeff Bezos et Richard Branson ? Elon Musk, l'homme qui rêve de MarsIl a commencé à faire parler de lui au niveau planétaire avec PayPal, le mondialement connu système de paiement en ligne, qu'il a inventé, puis vendu à eBay pour 1,5 milliard de dollars en 2002. C'est ensuite pour son investissement dans les voitures électriques Telsa qu'il a, de nouveau, créé le buz. Deux solutions alternatives rapidement devenues populaires, qui sont venues confirmer l'image de visionnaire qui accompagne ce milliardaire bien décidé à améliorer le quotidien de l'humanité. Mais le territoire de prédilection d'Elon Musk, américain né en Afrique du Sud, est désormais au-dessus de nos têtes. Avec sa compagnie Space Exploitation Technologies, plus connue sous l'appellation SpaceX, il veut repousser les limites de notre imagination en plus de celles de l'Espace. À un moment où les États-Unis, orphelins des navettes spatiales, planchent encore sur leur programme Orion, et que les Russes oscillent entre missions réussies et déboires, SpaceX est parvenu à devenir un acteur majeur des missions spatiales, rendant service, notamment pour l'acheminement des cargo-ravitailleurs à la Station Spatiale Internationale et le lancement de satellites commerciaux, mais qui enchaîne surtout les exploits technologiques. Si ces derniers temps, les projecteurs se sont essentiellement braqués sur la fameuse Telsa promise à un long voyage dans l'Espace, c'est oublier la véritable révolution accomplie par SpaceX : le retour sur terre – ou sur mer – du premier étage du lanceur Falcon 9 – entretemps également réalisée par les deux « boosters » de la version lourde « Falcon Heavy » -, permettant la réutilisation d'un même lanceur pour de multiples missions avec les économies que l'on imagine. Un virage technologique majeur dont on ne comprendra la véritable portée certainement que dans quelques années. Musk, lui-même, pense que ce succès « encouragera d'autres compagnies et pays à être ambitieux au même titre que SpaceX ». L'Hyperloop, l’autre rêve de MuskElon Musk ne se sent jamais rassasié en matière de révolution technologique. Son autre projet du moment est l’hyperloop, un train électromagnétique censé transporter des passagers à des vitesses pouvant atteindre les 1220 km/h, réduisant de façon considérable le temps de transport. À titre d’exemple, un voyage entre New York et Washington passerait de 3 heures à 29 minutes ! Mais, plutôt que de faire une pause pour apprécier le moment présent, Musk préfère se projeter en avant et continuer à faire bénéficier l'humanité des progrès technologiques. SpaceX a ainsi prévu de créer une constellation géante d'un total de 12 000 satellites placés en orbite basse et capables de fournir un accès Internet à haut débit (1 Go/s) dans le monde entier. La première phase comprendra 4 425 satellites, la deuxième 7 518 et ensemble, ils pourront couvrir n'importe quel endroit de la Terre à tout moment. Mais Musk a un rêve encore plus fou qui s'appelle Mars. Au cours de ces dernières, il a décrit à de nombreuses reprises ses plans pour conquérir la Planète Rouge. Si tout se passe comme prévu, SpaceX devrait envoyer une mission cargo en 2022 afin de préparer le terrain et l'arrivée des premiers explorateurs trois ans plus tard. Des plans considérés trop ambitieux par certains, à commencer par la NASA. Mais d'autres, comme l'astronaute britannique Tim Peake, n'hésitent pas à encenser le milliardaire, affirmant qu'il va « ouvrir la voie à l'homme pour explorer Mars au cours des 20 prochaines années », convaincu que nous entrons dans une « nouvelle ère de l'exploration spatiale qui est très, très excitante ». Quant au PDG de Boeing, Dennis Muilenburg, il considère que SpaceX ajoute de l'énergie au marché spatial, avouant adorer l'attention que cela génère. Indifférent aux commentaires, Elon Musk est, lui, déjà dans une autre galaxie. Après Mars, il s'imagine explorer l'espace profond, à l'image d'un Capitaine Kirk ! Jeff Bezos, l’homme discretLe plus discret des trois hommes ici analysés est également le plus riche de la planète : avec une fortune estimée à 124 milliards de dollars, Jezz Bezos, fondateur de la plate-forme en ligne Amazon, a largement de quoi financer les projets fous de Blue Origin, son entreprise spatiale. Créé en 2000, la société a également l’ambition de démocratiser l’accès à l’Espace, permettant à des millions de personnes d’y vivre et d’y travailler. Tout cela dans le but de réduire la pollution sur Terre et de préserver notre planète. Conscient de l’ampleur de ce chantier faramineux, Bezos sait que cette exploration prendra plusieurs centaines d’années, mais le défi ne lui pas peur. Tous les ans, il vend pour 1 milliard de dollars en action d’Amazon afin de garantir le développement de Blue Origin : après les premiers tests en 2015, l’entreprise a prévu d’envoyer les premiers passagers dans l’Espace à la fin de cette année. Le projet de Blue Origin se divise, en réalité, en deux parties : l’une consacrée au tourisme spatial, l’autre au transport d’astronautes et de satellites. Dans le premier cas, le lanceur Shepard, lui aussi réutilisable, viendra se poser à la verticale une fois larguée la capsule transportant les touristes. Après une expérience de quelques minutes en apesanteur, ceux-ci viendront feront leur retour sur Terre dans cette même capsule grâce à l’aide de parachutes, à l’instar des actuelles missions en provenance de l’ISS. Quant au lanceur Glenn – un clin d’œil à l’astronaute Scott Glenn –, il pourra être utilisé une centaine de fois, que cela soit pour acheminer jusqu’à 6 astronautes ou pour mettre en orbite des satellites. La mission inaugurale est programmée pour 2020 et les premiers clients ont pour nom Eutelsat et One Web... Richard Branson, toujours en courseVirgin OrbitEn parallèle aux voyages touristiques, Branson investit dans un autre segment spatial : le lancement de satellites de petite taille via sa société Virgin Orbit, basée en Californie et qui a déjà garanti plusieurs contrats pour 2019. En somme, voilà bien longtemps que le secteur spatial n’était pas aussi dynamique. Curieusement, le plus médiatique des trois milliardaires et celui qui s’est lancé le premier dans cette épopée est également celui qui semble avoir pris le plus de retard. Après avoir fait fortune dans l’industrie musicale et avoir investi dans des secteurs aussi diversifiés que l’aviation (Virgin Atlantic), la téléphonie (Virgin Mobile) ou les sodas (Virgin Cola), c’est en 2004 que le Britannique a annoncé au monde, comme toujours en grande pompe, son ambition de se lancer dans le tourisme spatial via sa nouvelle société Virgin Galactic. À l’inverse de ses acolytes, le projet de Branson se base sur un avion porteur – qui décolle comme tel – transportant un avion spatial suborbital, tous deux faits en composite carbone afin de d’alléger leur poids. Le principe est simple : une fois atteinte l’altitude nécessaire (15 km), les deux parties se séparent, l’avion suborbital initiant alors sa phase de propulsion afin d’offrir aux passagers – jusqu’à 6 par vol – une expérience de quelques minutes en apesanteur. Pour son retour sur Terre, l’avion entame une chute en spirale, puis un vol plané. Simple sur le papier, mais l’accident survenu en octobre 2014 dans le désert de Mojave est venu freiner les ardeurs des plus enthousiastes. Mais il en faut plus pour saper le moral du super-optimiste Richard Branson qui, grâce à son charisme et sa notoriété, a convaincu de nombreuses personnalités ou de simples inconnus à embarquer dans son aventure spatiale, moyennant la somme de 250 000 dollars. Parmi eux, le physicien Stephen Hawking, l’acteur Leonardo DiCaprio ou le chanteur Justin Bieber. Malgré les retards à l’allumage, aucun n’a, jusqu’à présent, remis en cause sa participation. Preuve que le compte à rebours pour le début du tourisme spatial a bel et bien commencé... Carlos Pires |
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