![]() |
Les deux frères-ennemis des médias allemands Axel Springer et Leo Kirch ont scellé leur divorce mardi avec l'acquisition par la Deutsche Bank des 40% de Springer détenus par Kirch, une opération qui devrait par ailleurs permettre à Friede Springer de renforcer sa main-mise sur le groupe de son défunt mari.
Dans les salons feutrés d'un luxueux hôtel francfortois, la Deutsche Bank s'est emparée du paquet d'actions Springer à l'issue d'une vente aux enchères... organisée par ses soins et où elle fut la seule à présenter une offre! Par cette procédure pour le moins inédite, la Deutsche Bank a, après un seul coup de marteau d'ivoire, mis un terme à un mariage conclu en 1985 entre deux groupes qui n'ont cessé malgré leur mépris ancestral de s'allier en affaires. A l'origine de cette vente: un prêt de 720 millions d'euros accordé par la banque à Leo Kirch, avec en garantie les 40% qu'il possédait dans l'éditeur du quotidien populaire à grand tirage Bild. Mais, ruiné, le "vieux lion" des médias s'était avéré incapable de rembourser le prêt. La part était donc tombée dans l'escarcelle de son créancier après maints recours de Kirch qui, depuis son dépôt de bilan en avril, ne cesse d'encombrer les tribunaux pour tenter de conserver des miettes de son empire en déconfiture. Toutefois la première banque privée allemande n'en possédait pas la propriété juridique. C'est désormais chose faite: pour 667,3 millions d'euros et par un simple jeu d'écriture comptable, la banque est devenue mardi le plus grand actionnaire de l'éditeur allemand après la famille Springer. Celle-ci, dominée par Friede Springer, contrôle 50% et dix actions du groupe fondé par feu son mari Axel Caesar Springer. La "dame de fer", comme la surnomme la presse, entend même renforcer son assise sur le groupe alors que l'entente avec les petits-enfants de son époux, Axel Sven et Ariane, n'est guère au beau fixe et dégénère même en conflit devant les tribunaux. La Deutsche Bank, qui exclut de rester à long terme dans le capital de Springer, est prête à lui céder 10% et mène pour cela "des discussions concrètes" avec Friede. Les 30% restants, sur lesquels la famille Springer dispose d'un droit de veto, devraient être revendus ou placés en bourse si les conditions de marché s'avèrent favorables, a précisé la banque. Friede Springer signe là sa revanche sur Leo Kirch à qui elle n'a jamais pardonné de s'être imposé au tour de table de son groupe à la fin des années 80. Tout a toujours opposé le protestant du Nord, Axel Springer, à cet "escroc" qu'était à ses yeux Leo Kirch, fervent catholique venu du sud de l'Allemagne. Pourtant les deux avaient fini par faire affaire. En 1985, Axel Springer vend 10% de son groupe à Leo Kirch et s'allie avec lui dans la première chaîne de télévision privée, SAT.1. Plusieurs tours de passe-passe et une paire d'années plus tard, Kirch détient 40% de Springer et les deux groupes sont présents dans le capital du pôle de télévision ProSiebenSat.1. Mais les disputes recommencent. Au point que Leo Kirch accuse aujourd'hui Springer d'avoir provoqué sa chute en exerçant son option de vente sur ses parts dans ProSiebenSat.1. Kirch use de tous les stratagèmes, convoquant assemblée générale sur assemblée générale chez Springer. Désormais le "vieux lion" quasi-aveugle ne pourra plus le faire. Pour Springer, la voie est maintenant libre pour une alliance avec le groupe de presse suisse Ringier. Les deux groupes discutent d'une fusion depuis plusieurs semaines. Mais selon la presse, les négociations piétinent et sont même dans l'impasse.
|
![]() |
A la TV ce soir
|