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Le ministre de la Culture et de la Communication Jean-Jacques Aillagon a porté hier samedi un coup sévère aux projets de France Télévisions sur le numérique terrestre (TNT).
Sans exclure définitivement la création de chaînes spécifiques à la TNT par France Télévisions (France 2, France 3 et France 5), Jean-Jacques Aillagon a averti à la tribune du Sénat que ce serait une "légende" de "croire que l'avenir du service public de la télévision est lié ou même ligoté à la TNT". Selon lui, "le président de France Télévisions (Marc Tessier, ndlr) a lui-même convenu qu'il n'en était rien et qu'on pourrait très bien envisager que le service public prospère et se développe sans la TNT". "On n'a pas besoin d'inventer tous les matins une nouvelle chaîne, un nouveau programme, un nouveau projet pour être fidèle aux missions du service public", a martelé le ministre lors du débat sur le budget 2003 de la communication. La TNT doit permettre de recevoir, à compter de la fin 2004, jusqu'à 33 chaînes sur une installation de télévision conventionnelle avec l'ajout d'un décodeur vendu autour de 150 euros. Le ministère de la Culture et de la Communication a récemment maintenu la préemption de 3 des 33 canaux afin de permettre, éventuellement, à France Télévisions de développer des services spécifiques. Mais un rapport, établi à la demande de Matignon, avait préconisé la redéfinition de ces projets, à savoir une chaîne d'information continue, un ensemble de huit chaînes régionales et une chaîne de rediffusion. Le groupe France Télévisions, rappelait il y a quelques semaines encore son PDG Marc Tessier, a fortement "milité" en faveur de la TNT. France 3 a ainsi baptisé TNR, pour Télévision numérique régionale, son projet de chaînes régionales et le tandem Paul Nahon/Bernard Benyamin ("Envoyé spécial"), a planché plusieurs mois sur le projet de chaîne d'information continue, aujourd'hui quasi-condamné. Plus que dans la TNT, Jean-Jacques Aillagon voit "l'accomplissement" du service public dans "une totale exemplarité dans le domaine de l'information, du débat, de l'ouverture au monde et de la production". Sur le budget de la communication, le ministre a estimé qu'"une augmentation de 2% sans la TNT, c'est beaucoup mieux qu'une augmentation de 3,1% avec". De toute façon, a-t-il plaidé, "le développement des moyens ne signifie pas forcément la qualité du service public". Au passage, il a déploré aussi que le service public ait créé sur le câble et le satellite une chaîne Gourmet TV ou une chaîne Régions "dont vous savez les difficultés" plutôt que devancé le secteur privé sur une chaîne d'information continue. "Il y a quelques années, une campagne de publicité de France Inter nous invitait à écouter la différence, je souhaiterais que notre télévision nous permette tout simplement de voir la différence", a-t-il conclu. Rapporteur de la commission des Affaires culturelles du Sénat, Louis de Brossia (RPR) a parlé d'un "budget prudent à défaut d'être ambitieux". Quant à la sénatrice (PS) Danièle Pourtaud, elle a dénoncé "un budget de rupture avec la politique de consolidation menée par le gouvernement de Lionel Jospin". Les sénateurs ont adopté le montant de la redevance et sa répartition, les crédits de la presse et de la communication devant être voté avec ceux du Premier ministre lundi.
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