Rédaction
15 mai 2009

L'association UFC-Que Choisir s'est dite hostile au forfait social "triple play" (internet, téléphonie, télévision) que France Télécom veut proposer aux plus modestes, estimant qu'il va distordre la concurrence, tout en saluant son offre similaire dans la téléphonie mobile. France Télécom a lancé mardi à destination des allocataires des minima sociaux (RMI, parent isolé, RSA, etc.) un forfait mobile bloqué à dix euros par mois, donnant droit à 40 minutes de conversation et 40 SMS. Son PDG Didier Lombard a précisé dans une interview au Parisien qu'il projetait en outre de "lancer une offre triple play réservée aux plus démunis à vingt euros par mois". Si l'association de consommateurs "salue son initiative dans le mobile" - tout en jugeant indamissible la "carence de l'Etat" qui aurait dû signer des conventions avec les opérateurs pour que tous proposent des forfaits de ce type, comme le prévoit la loi de modernisation de l'économie (LME) - il n'en est pas de même pour l'offre internet. Selon l'UFC, qui affirme que "France Télécom veut le monopole du coeur", il existe en effet "un vrai risque de distorsion concurrentielle (...) qui au final risque d'être préjudiciable au consommateur". France Télécom, qui a déjà été condamné par le Conseil de la concurrence pour abus de position dominante dans l'ADSL, continue de capter près de la moitié de ce marché en France: il comptait fin mars 8,5 millions de clients, soit 49,2% du marché. "Seul France Télécom est en mesure, sur le plan économique, de faire ce type d'offres", les "opérateurs alternatifs devant acquitter, dans le cadre du dégroupage, presque 10 euros par client et par mois à l'opérateur historique", affirme l'association. "France Télécom est donc assuré de capter l'ensemble de cette demande et de bénéficier d'un monopole sur ce segment de marché", juge-t-elle, en soulignant qu'"une fois +réinsérés+ dans le monde du travail", les allocataires "seront potentiellement des clients (de son) triple play traditionnel". L'UFC "demande donc au gouvernement et à l'Arcep (Autorité de régulation des télécoms) de ne pas soutenir la démarche de France Télécom" mais "plutôt de modifier les textes réglementaires" pour que "les offres triple play entrent dans le service universel". Ce dernier permet un accès de tous les citoyens aux services jugés essentiels, par exemple dans les télécoms ou les services postaux, à un tarif réglementé par l'Etat. Un tarif social permet aujourd'hui aux plus démunis de bénéficier d'une ligne fixe pour 6,49 euros au lieu du tarif conventionnel de 16 euros, la différence étant financée par le fond de service universel, lui-même abondé par l'ensemble des opérateurs télécoms au prorata de leur chiffre d'affaires, rappelle l'UFC.

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