Premiere
 

Rédaction
7 mars 2005

Le secteur des médias allemands s'apprête à vivre mercredi la plus grande introduction en Bourse de son histoire avec celle de la chaîne à péages Premiere, qui revient de loin puisqu'il y a trois ans à la même époque, elle frôlait la faillite. L'opération s'annonce déjà comme un succès puisque selon une source financière, l'offre de titres a été sept fois souscrite. Les dirigeants de la chaîne comptent lever jusqu'à 1,179 milliard d'euros, faisant aussi de cette entrée en Bourse la plus importante jamais réalisée par un média allemand. Un secteur qui est encore pour beaucoup aux mains de familles héritières. A l'issue de l'opération, la part du capital flottant de l'ancienne filiale de l'empire des médias de Leo Kirch devrait atteindre 51,3%. "Après la tentative infructueuse du groupe Kirch, nous avons réussi à relancer la télévision à péage en Allemagne et en Autriche", triomphe le patron de Premiere, Georg Kofler. De fait Premiere revient de loin. Au printemps 2002, elle a failli être emportée dans la chute de l'empire Kirch. Avec 2,4 millions d'abonnés seulement, la chaîne, créée en 1990 en partenariat avec Canal Plus et Bertelsmann, était un puits sans fond avec pour la seule année 2001 une perte brute d'exploitation de 864,9 millions d'euros. Devant le peu de succès, le magnat australo-américain des médias Rupert Murdoch décide de revendre ses 22,03% dans la chaîne à Leo Kirch, déjà asphyxié financièrement. Son dépôt de bilan n'est qu'une question de jours, jugent alors les spécialistes du secteur. Mais Georg Kofler, arrivé à la tête de Premiere en février 2002, tente une opération de la dernière chance. Il lance une vaste campagne publicitaire avec des offres d'abonnement alléchantes à partir de 5 euros, il diffuse des films pornographiques et supprime près de la moitié des 2.400 emplois dans le cadre d'un plan d'économies annuelles de 500 millions d'euros. Un fonds d'investissement britannique, Permira, achète la majorité du capital et Georg Kofler investit ses propres deniers en achetant 20% des parts, le reste étant aux mains de plusieurs banques. Trois ans plus tard, la chaîne bavaroise compte 3,25 millions d'abonnés en Allemagne et en Autriche et pour la première fois de son histoire, elle a dégagé l'an dernier un bénéfice au niveau de l'exploitation. Elle doit son redressement surtout au fait qu'elle dispose des droits exclusifs de retransmission en direct de tous les matches de football de première et deuxième divisions allemandes, ainsi que des droits sur la Ligue des champions. Elle a aussi décroché l'an dernier un contrat qui lui permettra de retransmettre en direct l'ensemble des 64 matches de la Coupe du monde de football de 2006 en Allemagne, dont huit en exclusivité. Pour autant, le monde de la finance se montre encore sceptique sur son potentiel de croissance à long terme. Le taux de pénétration de la télévision payante n'atteint que 8% en Allemagne, contre 40 à 45% en Grande-Bretagne ou en France. Les foyers allemands disposent en outre déjà d'une trentaine de chaînes via le câble et les chaînes publiques proposent des programmes de qualité. En outre, dès la fin de la saison de football 2005/2006, les droits de retransmission, pour lesquels la chaîne signe chaque année un chèque de 180 millions d'euros, vont être remis sur la table. Au pays du Dieu football, Premiere ne peut en aucun cas se permettre qu'une autre chaîne rafle la mise. Enfin la chaîne bavaroise pourrait voir à terme l'arrivée d'un concurrent. RTL, jusqu'ici concentré sur la télévision par câble, n'exclut pas d'investir dans la télévision payante.

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