Radio
 

Rédaction
23 décembre 2005

Un canular monté par la radio de l'épiscopat espagnol aux dépens du nouveau président bolivien, Evo Morales, et du chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, a tourné à l'incident diplomatique entre l'Espagne et le Vatican. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a convoqué jeudi le nonce apostolique en Espagne pour lui faire part du "ferme rejet" du gouvernement après le canular de la radio de l'épiscopat, la Cadena Cope, qui s'était fait passer pour M. Zapatero auprès du leader socialiste bolivien. agrandir la photo Le journaliste-imitateur de la Cope, une radio particulièrement virulente dans ses critiques du gouvernement socialiste espagnol, avait notamment félicité M. Morales d'avoir "rejoint l'axe qui passe par les frères cubains et le frère (Hugo) Chavez", le président vénézuélien. "Nous nous réjouissons sincèrement que tu te joignes d'une façon triomphale au nouvel ordre que nous voulons établir", ajoutait-t-il. M. Moratinos a "insisté auprès de M. le Nonce pour que soient prises les mesures opportunes afin que des faits déplorables de cette nature ne se reproduisent plus, en raison du tort qu'ils portent aux intérêts politiques et économiques de l'Espagne et à son image à l'extérieur", selon un communiqué de son ministère. La Conférence épiscopale espagnole s'est refusée à "émettre une opinion" sur l'initiative de sa radio. "C'est la radio de la maison et nous sommes en contact permanent, mais c'est un thème qui regarde la Cope", a dit un porte-parole à l'AFP. L'ambassade de Bolivie a réclamé par écrit "des explications et des excuses" à la Cope, a reconnu Alfonso Nasarre, directeur d'antenne de cette radio, "il y a aussi eu un appel téléphonique (en ce sens) d'un haut responsable du gouvernement". Mais la Cope s'est refusée à reconnaître qu'elle avait formulé les excuses demandées. Ces excuses ont bien été faites, mais elles sont "insatisfaisante", a dit à l'AFP le ministre conseiller de l'ambassade bolivienne, Alvaro del Pozo, faisant état d'un un fax du directeur général de la Cope, Jenaro Gonzalez del Hierro Valdez, qui dit "regretter les désagréments qu'a pu causer la blague en question" et avoir "fait part aux humoristes du caractère déplacé de ce type d'initiative". "Nous avons annoncé au ministre espagnol des Affaires étrangères (...) que nous ne sommes pas satisfaits de cette réponse", a dit le diplomate bolivien, "nous voulons que la radio reconnaisse qu'il s'agit d'une erreur et non d'une blague". Interrogée à ce sujet, la conférence épiscopale a précisé avoir été "en consultation" avec la Cope pour l'élaboration de cette lettre. M. Morales avait déclaré lors d'une conférence de presse mardi que M. Zapatero l'avait appelé pour le féliciter de sa victoire à la présidentielle de dimanche, ce que les services de M. Zapatero avaient démenti mardi soir à l'AFP. Le chef du gouvernement espagnol a appelé mercredi soir Evo Morales pour lui exprimer son "malaise" au sujet de cet "inacceptable" canular. Le gouvernement espagnol avait indiqué mercredi dans un communiqué "espérer que la Cope ou ses propriétaires présenteraient dès que possible les excuses adéquates pour le préjudice causé au président bolivien". La "blague inacceptable" de la Cope "suppose une usurpation de la personnalité du président du gouvernement espagnol et une tentative de ridiculiser le président d'un pays ami", selon Madrid. Le ton très virulent qui caractérise la Cope lui a valu, dans une autre affaire, une condamnation du Conseil de l'audiovisuel catalan, qui a estimé mercredi dans un rapport que la radio de l'épiscopat avait dépassé "les limites constitutionnelles de la liberté d'expression et d'information" dans ses critiques des nationalistes catalans.

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