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Rédaction
15 octobre 2007
Canal+ s'attaque, ce soir à 20h50 et la semaine prochaine, à l'affaire Elf avec "Les prédateurs", une fiction engagée et pédagogique signée Lucas Belvaux qui entre dans le vif de ce tentaculaire scandale politico-financier, avec un coup de projecteur d'une rare sévérité sur la "Françafrique". Cette fiction est diffusée en HD Native.
Grand scandale financier de ces vingt dernières années, l'affaire Elf a déjà été portée à l'écran par Claude Chabrol en 2006 dans "L'ivresse du pouvoir", film psychologique centré sur la juge Eva Joly. Lucas Belvaux fait, lui, le choix plus politique de raconter l'ensemble de l'affaire et de dépeindre les relations entre Paris, le Gabon et le Congo. Les histoires d'appartement de Christine Deviers-Joncour, des bottines de Roland Dumas ou des frégates de Taïwan, considérées par le réalisateur comme des "écrans de fumée", ne sont pas évoquées : "Les prédateurs" se concentre sur le volet central du scandale. Le film, en deux parties, démêle toute la complexité de cette vaste affaire de détournements de fonds d'un montant avoisinant 300 millions d'euros au détriment de la compagnie pétrolière. Il démarre en 1988, lorsque Loïk Le Floch-Prigent (Aladin Reibel) prend la présidence d'Elf, pour se terminer en 2003, lors du procès. Avec son ami Alfred Sirven, l'éminence grise (Philippe Nahon), Loïk Le Floch-Prigent "hérite" d'un fonctionnement opaque géré par André Tarallo, le "Monsieur Afrique" du groupe (Claude Brasseur) : des chefs d'Etat africains sont grassement rémunérés par la compagnie en échange de l'exploitation du pétrole, via un système approuvé tacitement au plus haut niveau. L'état-major de la compagnie publique fait littéralement exploser ce système jusqu'à ce qu'Eva Joly (Nicole Garcia) se saisisse du dossier. Les caméras de Lucas Belvaux montrent comment le trio Le Floch-Sirven-Tarallo et leurs proches mènent un train de vie dispendieux, tandis qu'en Afrique, Elf fait et défait les régimes : appui logistique aux "Cobras" de Denis Sassou N'Guesso (Emile Abossolom'bc) pour renverser Pascal Lissouba (Alex Descas), soutien sans conditions à Omar Bongo (Pascal N'Zonzi)... Aucun nom de personne ou de lieu n'a été changé, ce qui donne toute sa force au film, qui dénonce "un système qui a donné beaucoup d'argent à ces dirigeants sans que leurs pays n'en profitent", explique le journaliste Mathieu Aron, consultant. "Canal + a fait le choix d'une fiction engagée. Mais nous sommes restés au plus près de la réalité judiciaire : tous les faits sont avérés. Il n'y a pas de révélation", commente Fabrice de la Patellière, directeur de la fiction de la chaîne. Lucas Belvaux réussit aussi le pari ambitieux de ramasser une histoire de vingt ans en une fiction grand public. "Cela a représenté un travail de trois ans", explique Jacques Maillot, scénariste. Il a planché sur 800 pages de jugement, 400 pages d'ordonnance de renvoi, avec une rigueur documentaire qui n'enlève rien au romanesque de l'histoire.
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