Europe 1
 

Europe 1 : sortie de crise ?

Rédaction
1 mars 2011 à 12h03  
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Europe 1 a connu quelques journées mouvementées depuis un mois après l'annonce plus ou moins brutale du départ des deux têtes d'affiche de sa grille des programmes : Marc-Olivier Fogiel et Nicolas Demorand.

Pour Denis Olivennes, nommé président-directeur général de la station début janvier, la situation se veut probablement un peu plus difficile que prévue mais il se refuse à toute dramatisation.

Une radio en pleine ébullition, c'est un peu ce qui caractérisait Europe 1 ces dernières semaines lorsqu'une importante partie de chaises musicales a pris forme dans les médias à un moment où on ne l'attendait pas. Petit retour sur ce grand remue-ménage hivernal...

Nicolas Demorand et Marc-Olivier Fogiel rendent le micro

C'est Nicolas Demorand, voix d'Europe 1 depuis septembre dernier, qui a lancé cette série de mouvements en annonçant son départ de la radio pour prendre les rênes du journal Libération. Le lendemain, c'est l'autre voix-star de la maison, Marc-Olivier Fogiel qui renonce à l'idée de poursuivre sa collaboration. A la tête de la matinale depuis 2008, le journaliste manifeste l'envie de développer des projets dans la presse, sur le web et à la télé après trois années exclusivement consacrées aux micros d'Europe 1. Il s'adresse aux salariés d'Europe 1 en leur envoyant un e-mail où il indique « Après avoir beaucoup réfléchi, m'étant tellement engagé dans la période précédente, je ne me sens pas les ressources nécessaires pour recommencer, pour accompagner cette nouvelle aventure qui demandera aux personnes qui la porteront de s'investir dans la durée ».
Dans son message, il fait part de son envie de travailler avec Matthieu Pigasse (co-propriétaire du journal Le Monde, il détient également Les Inrockuptibles) en rejoignant sa holding personnelle « Les Nouvelles Editions Indépendantes ».
Cette « crise » que traverse la radio a principalement éclaboussé l'information. Europe 1 avait déjà été fragilisée par la fuite de quelques voix issues de sa fabuleuse pépinière de journalistes. C'est le cas de Fabien Namias, chef du service politique, qui a quitté la maison pour occuper ces mêmes fonctions à France 2, de David Doukhan, parti lui-aussi sur France 2 ou encore de Yaël Gooz qui a pris la fuite vers la rue Bayard pour rejoindre la première radio de France. Comme si ce n'était pas suffisant, la station avait plutôt mal vécu le dernier sondage Médiamétrie publié à la mi-janvier. En effet, celui-ci affichait une désertion de 500 000 auditeurs en un an : 8,9% d'audience cumulée en novembre-décembre contre 9,9% un an plus tôt. Un sérieux coup de grâce pour cette maison qui avait repris de l'éclat et souvent gagné dans le match des meilleures progressions Médiamétrie, sous l'ère d'Alexandre Bompard, pourtant pas si lointaine.

Des changements dans la grille

Le nouveau PDG, à peine installé, a donc la lourde charge de redoper l'audience et de soigner les parties malades, d'où sa précipitation pour trouver une formule plus performante. Du coup, la radio de la rue François 1er opère depuis plusieurs semaines quelques changements dignes de ceux d'une rentrée de septembre. Plusieurs nominations ont été annoncées. Parmi elles, il y a l'arrivée d'Arlette Chabot à la tête de l'information. La célèbre journaliste qui a déjà oeuvré sur Europe de 1999 à 2004 aura même un rendez-vous sur l'antenne. On parle d'une interview politique dans la tranche 18h00/20h00. Quant à la grille de programmes, elle a été profondément réaménagée. Nouveaux rendez-vous, nouvelles voix, nouvelles signatures ont fait leur apparition comme pour permettre à Europe 1 de retrouver sa vitesse de croisière.
Dans son plan d'urgence, Denis Olivennes insiste particulièrement sur l'information. Chaque grande session de la journée est désormais confiée à des journalistes formés et promus dans l'univers de la radio.

Cela se traduit dans la matinale par l'arrivée de Guillaume Cahour. Agé de 32 ans, il a débuté à 19 ans sur BFM. Après un premier passage sur Europe 1 en 2000, il avait rejoint RMC en 2007 où il assurait la tranche 5h00/7h00 tout en étant le joker d'un certain...Jean-Jacques Bourdin. En septembre dernier, Europe 1 chipe Cahour à RMC en lui proposant la matinale du week-end ainsi que le poste de joker officiel de Marc-Olivier Fogiel. Depuis le 14 février, il a hérité du prime-time de la radio en reprenant la tranche d' « Europe 1 matin » tous les jours de la semaine (6h30/9h30) où il est accompagné de la dream-team de Marc-O restée (pour l'instant ?) dans sa totalité, fidèle au poste.

La session d'info est enrichie de quelques nouveaux rendez-vous comme « le fait économique du jour » commenté par Eric Le Boucher, « l'édito politique » d'Olivier Duhamel à 7h42, l'actualité internationale analysée par Emmanuel Faux à 8h15 juste avant « l'interview politique » de Jean-Pierre Elkabbach. D'autres chroniques sont tout simplement déplacées dans la tranche : « le buzz politique » de Thierry Guerrier est désormais proposé à 7h12, soit une heure plus tôt. Michel Grossiord retrouve son horaire d'antan pour « la revue de presse » : à... 8h35. Mais le journaliste survolera une première fois les journaux à 7h20. Enfin, Jean-Marc Morandini décroche un nouveau rendez-vous où il décrypte l'actualité télé du jour, un regard quotidien qu'il pose dans l'agenda culturel (9h00/9h30) renforcé par la présence de Steeven Bellery.
Autre changement dans la grille, le retour au micro de Patrick Roger. Le journaliste a débuté à la radio en 1986 pour RADIO FRANCE. Il a présenté le journal de 8h00 pendant quatre ans sur INTER où il a occupé le poste de rédacteur en chef de la matinale. Il dirige FRANCE INFO puis rejoint BFM TV en 2009 pour occuper le poste de Directeur de la rédaction. Un an plus tard, il hérite de ce même poste à Europe 1. Depuis le 28 février, « Le grand direct de l'info» est devenu « Europe 1 midi » entre midi et 13h30. Jean-Marc Morandini qui garde son « grand direct des médias » de 11h00 à midi, a donc cédé son micro à Patrick Roger qui propose 1h30 de décryptage de l'actualité ponctué de proximité et d'interactivité.
A 13h30, Michel Field rend les clés du « Café découvertes » (il garde « Médiapolis » le samedi matin, NDLR). Le programme censé remplacer l'émission « Café crimes » de Jacques Pradel n'a finalement pas trouvé son public. Du coup, Denis Olivennes rappelle l'une des gloires de la station : l'historien Franck Ferrand. Il a un atout : il sait raconter l'histoire et connaît bien la tranche 13h30/14h30 puisqu'il l'a déjà occupée avant de basculer sur une émission hebdomadaire le week-end. Belle aubaine, sa nouvelle émission « Au coeur de l'histoire » semble la plus adaptée pour concurrencer le succès de « 2000 ans d'histoire » à la même heure sur... France Inter !

Autre nouveauté dans ce grand chambardement : c'est la troisième tranche d'info de la journée : « Europe 1 soir » diffusée entre 18h00 et 20h00. Et parce qu'un Nicolas peut en cacher un autre, c'est Nicolas Poincaré qui succède à Nicolas Demorand. Un passionné d'info (lui aussi) qui a fait ses classes à RADIO FRANCE puis sur RTL et FRANCE INFO. Le soir, les ingrédients n'ont pas changé : info, éclairages, débats d'idées, interview politique, culture et médias.

Dans son nouveau costume de Président-Directeur Général d'Europe 1, Denis Olivennes ne cache pas sa confiance avec toutes ces innovations. Si le nouveau cru Europe 1 peut paraître à première vue, un peu moins « tendance », il prouve que la reconquête est belle et bien en marche. En redonnant une vraie identité à toutes ses tranches d'information à cette période de l'année, la station peut ainsi réussir à freiner l'érosion de son audience avant la fin de la saison. Dans le même temps, cette réorganisation précipitée - mais indispensable - lui offre quelques mois de rodage nécessaires avant de s'aligner décemment avec la concurrence pour vivre une année forte avec en ligne de mire, la Présidentielle de 2012. Mais auparavant, les auditeurs se seront vraiment rendus compte qu'un nouveau Directeur est passé par là...

Mickaël ROIX.
mickael.roix@telesatellite.com

3 commentaires

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michael - Il y a 13 ans
Seul regret que Morandini soit toujours là....Emmanuel Maubert serait tellement mieux dans une émission média et surtout ce serait moins racoleur!
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raymond - Il y a 13 ans
Seul regret,que Morandini ne soit pas viré
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elixxir22 - Il y a 13 ans
le probleme avec europe1 c'est que quand on commence a s'habituer a un programme , il est remplacé par un autre ou une autre voix.
europe1 c'est le renouveau perpetuel souvent dans le mauvais sens.
en tout cas la nouvelle voix Patrick Roger est tres loin de la bonne humeur Morandini.
!
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