Rédaction
31 décembre 2002

Le parquet de Varsovie a annoncé qu'il pensait ouvrir une enquête dans une affaire de tentative de corruption présumée qui mêle les personnalités les plus haut placées du monde de la politique et des medias polonais. Le directeur du plus grand quotidien polonais, Gazeta Wyborcza, Adam Michnik, a accusé dans son journal le président du conseil de surveillance de Canal Plus Polska, Lew Rywin, de lui avoir demandé au nom du Premier ministre Leszek Miller un pot-de-vin de 17,5 millions de dollars. En échange de cette somme, le gouvernement aurait amendé la loi sur l'audiovisuel de façon à permettre à l'éditeur du journal, le groupe Agora, d'acheter la chaîne commerciale de télévision Polsat. "Etant donné que le ministre de la Justice a déjà ordonné cette enquête, la décision sur son ouverture sera probablement prise lundi", a indiqué le porte-parole du parquet de Varsovie Maciej Kujawski. Selon Gazeta Wyborcza, M. Rywin, aussi propriétaire de la maison de productions cinématographiques Heritage Films (Liste de Schindler, Le roi des Aulnes, Le Pianiste), aurait fait sa proposition lors d'une rencontre avec M. Michnik en juillet dernier. M. Michnik, un ancien dissident, avait à l'époque enregistré son entretien avec M. Rywin et organisé quelques jours plus tard une "confrontation" à trois avec M. Miller. Ce dernier aurait traité Lew Rywin de "patient d'un hôpital psychiatrique qui a perdu la raison à cause de l'argent", selon Gazeta Wyborcza qui a publié vendredi un dossier de l'affaire. "Suite à des déclarations de représentants du pouvoir selon lesquelles l'affaire de mon entretien privé avec Adam Michnik sera examinée par le parquet ou une commission parlementaire, j'ai décidé d'éviter tout commentaire d'ici la fin des procédures juridiques", a annoncé lundi M. Rywin dans une déclaration publiée dans l'agence polonaise PAP. Un projet gouvernemental d'amendement à la loi sur l'audiovisuel, visant à limiter la concentration du capital dans les radios et les télévisions, est en travaux parlementaires depuis le printemps dernier et sa nouvelle lecture était prévue dans les prochains jours. "Cette affaire risque de retarder les travaux sur cet amendement", a reconnu M. Miller interviewé par la radio publique.

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