Rédaction
16 avril 2003

Pour relier les Irakiens au reste du monde, l'ONG française Télécoms sans Frontières (TSF) s'apprête à entrer en Irak pour installer des centres téléphoniques ou des cafés internet alors que les lignes sont coupées depuis les premiers bombardements. "Nous sommes la seule ONG à faire de la téléphonie humanitaire", affirme Jean-François Cazenave, président de TSF, basée à Pau, selon lequel les besoins en télécommunications sont aussi importants que l'aide médicale ou alimentaire. Les deux missions de l'ONG sont de fournir des moyens de télécommunications aux équipes humanitaires mais aussi de permettre aux populations de rompre leur isolement en donnant des nouvelles à leurs familles, poursuit le responsable de l'ONG, qui a signé en 2000 un partenariat avec le Haut commissariat aux réfugiés pour les Nations unies (HCR). En Afghanistan, où TSF est restée à Mazar-i-Sharif de novembre 2001 à février 2002, ses "cafés internet" ont servi aux équipes des ONG et aux agences de l'ONU. Et les téléphones par satellite ont permis à des centaines de déplacés de contacter leurs familles au Pakistan, en Iran, en Russie ou aux Emirats Arabes Unis. "Mais en Irak, notre travail va plus ressembler à celui que nous avons eu au Kosovo, avec une implication plus importante de la population et des organisations locales", estime le président de TSF, dont une équipe va se pré-positionner à Amman (Jordanie) à partir de mercredi. Le matériel, qui tient dans trois ou quatre m3 --satellites, PC portables...-- peut être acheminé à tout moment. Le plus compliqué, selon M. Cazenave, sera de faire franchir la douane à ce matériel souvent considéré comme sensible par les autorités des pays de transit. "En matière de télécoms, une distribution se fait comme une distribution alimentaire, cela ne doit pas virer à l'anarchie", précise Jean-François Cazenave. Travailler avec des organisations locales permet ainsi de canaliser l'afflux des demandes et de s'assurer qu'une seule personne par famille ait accès au téléphone. "Cela permet à ces gens de dire à leur famille qu'ils sont vivants", dit le président de TSF. Et cela allège d'autant la mission des humanitaires, estime-t-il, car ils peuvent éventuellement réclamer à leurs proches vivant à l'étranger une "aide personnelle et ciblée". Avec un budget annuel de 800.000 à un million d'euros, TSF peut financer sa mission en Irak pendant un mois et demi sur ses fonds propres qui lui sont apportés par des partenaires financiers. Parmi eux, on trouve le consortium international Inmarsat, le groupe britannique de télécommunications Cable and Wireless, et le numéro un mondial de la téléphonie mobile, le britannique Vodafone, ainsi que des collectivités publiques françaises comme la ville de Pau et le conseil régional d'Aquitaine.

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