France 3
 

Rédaction
25 janvier 2004 à 03h00

Quand Bernard Pivot a prononcé le mot "ayes-ayes" (lémuriens), de nombreux candidats à la finale des Dicos d'Or 2003 ont su qu'ils ne feraient pas zéro faute. C'était assurément un des principaux pièges de la dictée intitulée "La cigale et les fourmis (fable moderne)" qui a été diffusée dimanche à 17H05 sur France 3, renvoyant des millions de téléspectateurs sur les bancs de l'école. Elle avait été enregistrée la veille sous les lustres de cristal de la salle des fêtes de l'Hôtel de ville de Paris, en présence de nombreuses personnalités. Autour du maire de Paris Bertrand Delanoë, se trouvaient le maire de Québec, Jean-Paul L'Allier, le maire de Cotonou et ancien président du Bénin, Nicéphore Dieudonné Soglo, et des personnalités comme Julia Kristeva, Tahar Ben Jelloun, Hélène Carrère d'Encausse, Jacques Duquesne, Irène Jacob etc. Tous et toutes ont fait des fautes, selon la chaîne. Seuls un professeur de Picardie et un vétérinaire de Poitou-Charentes ont rendu une copie parfaite. En 2001 et 2002, aucun candidat n'y était parvenu. Le palmarès montre que les hommes se sont davantage distingués que les femmes et que les régions de l'ouest du pays ont placé de nombreux candidats sur les podiums. Dans un texte mêlant mots rares, anciens ou au contraire très actuels, les difficultés concernaient cette année davantage le vocabulaire, les genres ou les traits d'union que par exemple les accords avec les verbes. Ainsi, "va-t-en-guerre" est invariable et comporte trois tirets, "vos fourre-tout rose bonbon" n'en comprend qu'un seul et "similicuir" s'écrit en un seul mot. Autres chausse-trapes: "fripée" ne prend qu'un "p", "fan" n'a rien à voir avec "fanes" (de carottes) et le pluriel de "bien-fonds" (bien immobilier) est "biens-fonds". Le veau est pour sa part pourvu d'un "cuisseau" (et non d'un "cuissot", clin d'oeil à la célèbre dictée de Mérimée). Quant aux fameux "ayes-ayes" ("aye-aye" au singulier), il s'agit d'animaux qui appartiennent au sous-ordre des lémuriens (mammifères primates de Madagascar). Cela ne pouvait échapper à un vétérinaire! Les candidats "seniors" ont dû se sentir plus à l'aise que les jeunes avec "les french cancans" (sans tiret et seul "cancan" s'accorde au pluriel), "les fox-trot" (invariable) et "les bossas-novas". Mais ils ont peut-être souffert avec "la tchatche" et les "meufs"... 182 candidats ont participé cette finale. Agés de 11 à 83 ans, ils étaient sortis victorieux en novembre des 12 finales régionales auxquelles avaient participé 5.780 personnes. Devenue un véritable fait de société, la dictée a été lancée en 1985 par Bernard Pivot et quatre partenaires (Crédit Agricole, France 3, Larousse et le mensuel Lire). Toute l'année, l'ancien animateur d'"Apostrophes" s'amuse à noter des mots qu'il utilisera dans son texte, admettant être "un petit peu pervers mais pas sadique". Outre la dictée, des questions sur la langue sont posées aux candidats. On leur a notamment demandé : "Si on dit de quelqu'un qu'il est un +valétudinaire égrotant+, on produit un barbarisme, un non-sens ou un pléonasme?". La bonne réponse est un pléonasme.

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