Napster
 

Rédaction
16 février 2001

Si le site Napster cesse d'exister, d'autres plus perfectionnés prendront sa suite pour alimenter l'appétit de musique gratuite des internautes, estiment des experts. En début de semaine, la justice américaine, en estimant que Napster encourageait la violation des droits d'auteur, a pratiquement signé la fin de ce site dans son concept actuel d'accès gratuit à des morceaux de musique. Mais les internautes devraient aller chercher ailleurs. "Les gens se sont habitués à télécharger de la musique gratuitement et ne sont pas prêts à abandonner cette pratique aussi facilement", estime Vincent Falco, employé de Bearshare, un site internet de type Napster. Pour certains spécialistes, la fin probable de Napster est loin de signer l'arrêt de mort de l'échange de musique en ligne, mondialement répandu. D'autres sites existent déjà et des sites de substitution vont émerger, notamment grâce au logiciel Gnutella, prévoient-ils. Bien que Gnutella n'ait jamais avalisé son logiciel, des versions piratées sont d'ores et déjà devenues monnaie courante dans l'échange clandestin de musique en ligne. Le logiciel Gnutella, mis au point par des programmeurs d'America Online, permet de créer un système d'échanges de fichiers totalement décentralisé. Par ce biais, les ordinateurs des internautes sont connectés les uns aux autres, sans que nul ne puisse contrôler l'étendue du réseau ainsi constitué. Et si Gnutella a échappé jusqu'ici à des poursuites, c'est que son système évite la centralisation sur un site ou un ordinateur et de ce fait, il est inattaquable, estiment les experts en rappelant que ce n'était pas le cas de Naptser. Les systèmes Gnutella "défient toute action en justice", indique Aram Sinnreich, analyste chez Jupiter Mediametrix, une société de conseils sur le marché des médias et des communications. "Il n'y a vraiment personne à poursuivre, à l'exception de millions d'inconnus qui utilisent ce logiciel. Je ne crois pas que l'on puisse trouver un seul cabinet d'avocats prêt à accepter un tel dossier", avance Aram Sinnreich. Après la décision de justice intimant à Napster de respecter les droits d'auteur, les internautes redoutent tellement la fermeture du site qu'ils chargent un maximum de fichiers musicaux. Selon Webnoize, une société de conseils en ligne, quelque 91 millions de chansons ont ainsi été téléchargées à partir du site Napster sur la seule journée de mardi, au lendemain de la décision du tribunal de San Francisco remettant en question l'existence de Napster. Le dimanche avant la publication du jugement, 130 millions de morceaux de musique s'étaient échangés par ce même canal, selon la même source. En janvier, au total 3 milliards d'oeuvres musicales ont ainsi circulé gratuitement via Napster, pratiquement deux fois plus que le flux observé en septembre.

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