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Rédaction
15 mars 2005

La justice italienne a accusé la chaîne de télévision Canale 5, appartenant au chef du gouvernement Silvio Berlusconi, d'encourager, à travers une série diffusée actuellement, les agissements d'un poseur de bombe qui sévit depuis 10 ans dans le nord-est du pays. Pour les magistrats chargés du dossier, la diffusion de la fiction "Delitti imperfetti" (Délits imparfaits"), actuellement sur Canale 5, et dont l'un des personnages est justement un poseur de bombe, incite le vrai criminel, surnommé, "Unabomber", à poursuivre ses activités meurtrières, rapporte lundi la presse. "Il y a une concomitance de fait. L'avant-dernier attentat a eu lieu après la diffusion du deuxième épisode", a assuré Luca Marini, magistrat au parquet de Venise, cité lundi par le quotidien La Repubblica. "Nous avons toujours dit que nous étions en présence d'un criminel qui agit sous la pression, y compris médiatique. Plus on parle de ses agissements, plus on l'encourage à continuer", a ajouté M. Marini, membre du pool chargé de la traque du poseur de bombe. Selon le procureur du parquet de Venise, Vittorio Borraccetti, responsable de l'équipe qui recherche le poseur de bombes, "la série télévisée l'a exalté et gratifié". La dernière bombe "est une réponse aux enquêteurs et aux médias qui lui ont accordé tant d'attention", a-t-il dit dans une interview au Corriere della Sera. Un nouvel attentat attribué à Unabomber, dont le mode opératoire est toujours le même, a grièvement blessé dimanche une fillette de six ans dans une église de Motta di Livenza, près de Trévise (nord-est). La fillette a perdu trois doigts de la main dans l'explosion d'un cierge électrique piégé qu'elle tentait de poser sur son socle peu après la messe. Opérée dans la journée, elle devrait récupérer la totale fonctionnalité de sa main, ont indiqué ses médecins. Invité par La Repubblica à réagir aux accusations des magistrats, le producteur de la série, Mario Valsecchi, a rejeté absolument "toute forme de responsabilité". "Nous n'avons pas inventé un monstre. Le monstre existait déjà", a affirmé M. Valsecchi. "Toutefois mes scénaristes et moi nous allons réfléchir et nous interroger. Il se peut même que nous fassions appel à un psychiatre pour comprendre si, vraiment la série peut avoir poussé Unabomber à agir", a conclu le producteur.

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