Arte
 

Rédaction
24 août 2007

Gaspard est un bandit de grand chemin, dans la Provence du 17e siècle, qui attaque les diligences et nargue les gendarmes. Sa jeunesse est derrière lui mais avant de mourir, il va découvrir l'amour pour une femme et transmettre son savoir à un adolescent qui pourrait être son fils. "Gaspard le bandit" est un film funèbre et pourtant lumineux. Le réalisateur Benoît Jacquot alterne avec bonheur les scènes pleines de fougue, attaques de diligence et fuites à cheval, avec les passages mélancoliques sur un Robin des Bois en fin de parcours. Pour ce téléfilm, diffusé ce soir à 20h40 sur Arte, Benoît Jacquot et son scénariste Louis Gardel se sont appuyés sur le roman "Gaspard de Besse" de Jacques Bens. Mais ils ont décidé de vieillir le personnage principal (incarné par Jean-Hugues Anglade) et de s'inspirer des "Contrebandiers du Moonfleet" de Fritz Lang en introduisant un jeune homme, Antoine, auquel Gaspard transmet son savoir. Au début du film, Gaspard est grièvement blessé lors d'une attaque de diligence. Il en réchappe et parvient à duper le redoutable président de région Monsieur de Morières (Jean-Pierre Joris) qui le croit mort. Le hors-la-loi rencontre Anne de Morières (Natacha Régnier), la jeune épouse malheureuse du vieux président et en tombe amoureux, tout en devinant que cette passion ne pourra le conduire qu'à la mort. Le tout puissant Monsieur de Morières ne lui pardonnera pas d'avoir séduit sa femme. Gaspard se prend également d'amitié pour un jeune va-nu-pieds, Antoine (Vladimir Consigny, le fils de Benoît Jacquot), qui va le suivre pas à pas et lui inspirer un amour presque filial. Ce bandit de grand chemin "choisit sa mort. Mais avant, il se permet de la transcender grâce à Antoine", explique Benoît Jacquot. "Personnellement je ne crois pas à la mort", ajoute le réalisateur. "On meurt si on n'a pas vécu. Ce n'est pas son cas. Il décide d'ailleurs de vivre une dernière passion avec Anne, qu'il appelle son ange de la mort". La fougue mêlée de mélancolie de Jean-Hugues Anglade, la douceur lumineuse de Natacha Régnier et la raideur presque cadavérique de Jean-Pierre Joris, sur fond de Provence déserte et battue par les vents, transforment cette histoire en oeuvre poignante. Fidèle à son style, le cinéaste Benoît Jacquot ("La fille seule", "Le septième ciel", "Sade", "Adolphe"...) cerne au plus près ses acteurs et guette sur leur visage le moindre tressaillement. Chaque personnage se révèle en cours d'histoire: Gaspard, fatigué, retrouve l'envie de vivre, tandis qu'Anne de Morières, fermée et silencieuse, s'illumine en tombant amoureuse. Même le cruel Monsieur de Morières avoue en chuchotant son amour à sa jeune épouse, sachant pourtant qu'il ne lui inspire que haine et dégoût.

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