France 2
 

Rédaction
25 septembre 2007

"Le forcené est mort", la formule lapidaire de Charles Pasqua, alors ministre de l'Intérieur, clôt le documentaire-fiction dans lequel France 2 autopsie l'un des faits divers les plus retentissants de l'histoire récente: la prise en otage de jeunes enfants de maternelle en 1993 par H.B. (Human Bomb). Pour Patricia Boutinard Rouelle, directrice de l'unité magazines et documentaires de France 2, "cette histoire aurait pu donner lieu à un long métrage de cinéma, mais le producteur Tony Comiti disposait d'un document exceptionnel, à savoir la transcription des bandes enregistrées" pendant les 46 heures du drame. Elles ont servi de base au scénario. "H.B." (sous-titré "Maternelle en otage"), diffusé ce soir à 20h50 sur France 2, restitue en 90 minutes l'histoire de cette prise d'otage de 21 enfants d'une école de Neuilly-sur-Seine. Ponctuée de négociations entre les autorités et Eric Schmitt (HB), elle s'achève par la mort de ce dernier sous les balles de Daniel Boulanger, l'un des membres du RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion). "La force du film tient à ce tissage entre plusieurs sources d'images, la fiction certes, mais aussi les témoignages des parents et les archives filmées par les pompiers, les forces de l'ordre et la presse", estime Patricia Boutinard Rouelle. Venu assister à la projection de presse, Charles Pasqua, qui témoigne à plusieurs reprises dans le document, a estimé que ce docu-fiction était "très proche de la vérité". Le documentaire souligne le rôle de Nicolas Sarkozy, à l'époque député-maire de Neuilly. Ce dernier a refusé de témoigner pour le film, réalisé pendant la campagne présidentielle, mais on le verra (incarné par le comédien Frédéric Quiring, non dénué de ressemblance physique avec l'actuel président de la République) négocier à plusieurs reprises avec HB, échangeant des sacs de billets contre des enfants dans des tractations de marchand de tapis. Sur le rôle de Nicolas Sarkozy, les protagonistes sont partagés. "Nous n'aimons pas que des personnalités soient présentes sur le terrain", soulignent les responsables du RAID. Cependant, ils reconnaissent le courage de Nicolas Sarkozy, qui est parvenu à sortir des enfants. Charles Pasqua confie qu'il s'est adressé au Premier ministre Edouard Balladur pour obtenir que le maire de Neuilly accepte de rester en retrait. Officiellement, Daniel Boulanger, membre du RAID, a abattu HB de trois balles à la tête parce qu'il semblait vouloir déclencher l'explosion des explosifs placés dans la classe. La famille d'Eric Schmidt assure qu'on a "assassiné" le preneur d'otages dans son sommeil. Le document de France 2 respecte la version officielle, mais reste discret sur ce point. On voit Daniel Boulanger, désormais à la retraite et qui joue ici son propre rôle, tirer les trois coups de feu mortels, mais on ignore si sa cible a bougé ou pas. Bénéficiant d'un non-lieu, Daniel Boulanger a écrit "Le jour où j'ai tué HB", publié aux éditions Hachette Littératures le 19 septembre, peu avant la diffusion du docu-fiction de France 2. "Si HB avait été abattu par un +sniper+, personne ne se serait posé de question, souligne-t-il. D'ailleurs, un magistrat m'a expliqué que j'étais en état de légitime défense dès que j'ai mis un pied dans la classe".

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