Arte
 

Rédaction
22 février 2008

Cent jours, un million de morts: ce bilan terrible est celui du génocide rwandais de 1994 au coeur d'un film émouvant de Raoul Peck, "Quelques jours en avril", diffusé pour la première fois en France par Arte, qui raconte le drame à travers une fiction diffusé ce soir ,à 21h00, sur Arte. Le film, au budget conséquent de 10 millions de dollars, a été tourné en 2005 par le réalisateur haïtien pour la chaîne américaine HBO et diffusé aux Etats-Unis et en Angleterre. On doit à Raoul Peck des documentaires socio-politiques notamment "Lumumba, mort d'un prophète" et plusieurs fictions dont récemment "L'affaire Villemin" pour France 3 et Arte. Il a été le premier à tourner un film sur le génocide au Rwanda. Avant "Shooting dogs" de Michael Caton-Jones, "Hôtel Rwanda" de Terry George ou "Opération Turquoise" réalisé par Alain Tasma pour Canal+. Contacté par HBO, Raoul Peck a posé des conditions: tourner au Rwanda -"une démarche impérative"-, se donner du temps pour essayer de comprendre, trouver un angle pour raconter ces mois tragiques. Au Rwanda, Raoul Peck recueille de nombreux témoignages "car il y avait un besoin de raconter". L'écriture prend deux ans. "J'ai tissé les témoignages les uns avec les autres. Les deux frères au centre de l'histoire se trouvent des deux côtés de la barricade, comme dans un drame shakespearien", dit Raoul Peck. L'un, Augustin (Idris Elba) est un Hutu modéré qui a épousé une Tutsie, l'autre, Honoré (Oris Erhuero) est proche des extrémistes hutus. Ces histoires personnelles permettent d'appréhender la problématique du génocide, le laisser-faire des Etats-Unis et la lourde complicité de la France. Et montre comment, 10 ans après, les tribunaux populaires locaux et le tribunal pénal international des Nations-Unies à Arusha rendent la justice. La force du film réside dans son interprétation sans faute, son rythme et la reconstitution des scènes de masse où les centaines de figurants n'ont souvent fait que reproduire ce qu'ils avaient vécu. Entre 5.000 et 7.000 figurants ont participé au tournage. Le film, qui a été vécu par certains Rwandais "comme une libération", a été diffusé en avant-première au stade de Kigali devant 30.000 personnes, "un moment unique de communion".

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