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BFMTV va porter plainte contre Groupe Canal+ pour manipulation d'audience

Rédaction
23 novembre 2009 à 02h00
BFMTV va saisir l'Autorité de la concurrence, le Tribunal de commerce et le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour "manipulation de mesure d'audience" de la part du Groupe Canal+, a annoncé lundi Alain Weill, président de NextRadioTV (BFM Radio, La Tribune). Les plaintes devraient intervenir "dès cette semaine", a-t-il précisé lors d'une conférence de presse. M. Weill accuse CanalSat, le bouquet satellitaire de Groupe Canal+, d'imposer à ses cinq millions d'abonnés depuis le 20 octobre "par défaut et de manière automatique la chaîne i-TELE à l'écran lorsqu'ils l'allument". Or, i-TELE, chaîne d'information en continu du groupe Canal+, est, d'une part, une concurrente directe de BFMTV et, d'autre part, les abonnés de CanalSat représentent 20% du panel de Médiamétrie. Auparavant, les abonnés de CanalSat, lorsqu'ils rallumaient leur téléviseur, avaient à l'écran la chaîne sur laquelle ils étaient lorsqu'ils l'avaient éteint, a précisé M. Weill. Même si CanalSat devait arrêter ce mécanisme "préjudiciable pour le pluralisme", BFMTV maintiendrait la procédure auprès de l'Autorité de la concurrence, du Tribunal de commerce et du CSA, "car nous avons subi un préjudice extrêmement grave", a souligné M. Weill. Il a toutefois refusé de le chiffrer. "Depuis le 22 octobre, l'audience d'i-TELE a explosé. Il ne s'agit pas de la guerre des chaînes mais de la domination d'un groupe pour lequel la fin justifie les moyens", a également fustigé M. Weill. Deux mises en demeure ont été adressées le 21 novembre à Bertrand Méheut, président du Groupe Canal+, et à Guy Lafarge, président de Canal+ Distribution, réclamant notamment aux deux responsables de "mettre un terme immédiat à cette situation". Parallèlement, BFMTV a adressé vendredi un courrier à Bruno Chetaille, président de Médiamétrie, l'institut qui calcule les audiences et véritable guide pour les annonceurs. La chaîne lui demande de suspendre "tous les chiffres relatifs à l'audience d'i-TELE et recalculer et publier les chiffres modifiés d'octobre 2009". La chaîne demande en outre d'annuler les mesures d'audience de novembre. "Cette annulation serait possible dans le cadre d'une procédure de justice. Si rien n'est décidé d'ici là, nous allons publier les chiffres de novembre", a-t-on indiqué à l'AFP chez Médiamétrie. Les chiffres de novembre doivent être publiés le 30 novembre. Selon ceux d'octobre, BFMTV comptait 24,65 millions de téléspectateurs alors qu'i-TELE en avait 27,13 millions. Mais les téléspectateurs regardent BFMTV plus longtemps que i-TELE, ce qui explique que BFMTV engrange une part d'audience supérieure à sa concurrente: 0,6% contre 0,5% pour I-TELE, selon Médiamétrie. M. Weill a relevé que le "mécanisme" mis en place par CanalSat est également préjudiciable à LCI, autre chaîne d'information en continu, détenue par TF1. "Pour LCI, c'est terrible aussi, mais les enjeux financiers ne sont pas les mêmes pour TF1, s'il perdait 10 millions d'euros, que pour nous. Cela ne remettrai pas en cause leur équilibre financier", a-t-il indiqué. Il a précisé que BFMTV, créé il y a quatre ans, était à l'équilibre depuis octobre.

Le groupe Canal+ a réagi par communiqué de presse :
"CANALSAT s'étonne de la campagne de dénigrement dont il est l'objet de la part de BFM TV. CANALSAT mène à titre expérimental, comme il le fait régulièrement, et pour une durée limitée une opération marketing sur une fraction de ses abonnés. Cette opération sans incidence sur le marché publicitaire, se limite aux abonnés par satellite qui éteignent régulièrement leur décodeur soit une faible proportion d'entre eux. Les spectateurs d'i>TELE par ADSL, câble ou TNT ne sont, en outre, pas concernés. Au total, cela représente 1,8 million de foyers sur les 48,6 millions de téléspectateurs qui reçoivent i>TELE et BFM TV. Cela ne peut en aucun cas constituer une manipulation d'audience ni, encore moins, remettre en cause le pluralisme de l'information.
CANALSAT ajoute que le fait d'arriver sur un numéro de canal prédéterminé à l'allumage du téléviseur profite à d'autres chaînes commerciales depuis des années sans jamais avoir suscité de telles attaques.
CANALSAT dénonce la mauvaise querelle que lui cherche BFM TV au moment où le CSA doit se pencher sur une autre plainte déposée par BFM TV et n'ose imaginer qu'il puisse s'agir d'une manoeuvre pour faire pression sur l'autorité de régulation.
En tant qu'opérateur commercial, CANALSAT est libre de sa politique marketing et poursuivra, comme par le passé, des opérations de ce type, y compris avec d'autres chaînes et services."
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