Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA)
 

Rédaction
23 novembre 2004

Le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) a demandé au CSA de revoir sa décision d'autoriser la télévision Al Manar, proche du Hezbollah chiite libanais, et dénoncé "des pressions" du Liban, de la Syrie et de l'Iran. "Nous vous demandons formellement, en vous appuyant sur vos propres attendus, de saisir le procureur de la République, de revoir votre décision d'autorisation ou de saisir le Conseil d'Etat afin qu'il retire votre autorisation du 19 novembre 2004", écrit le président du Crif Roger Cukierman dans une lettre à Dominique Baudis, le président du CSA. La décision du CSA, annoncée vendredi, "déconsidère votre institution", écrit M. Cukierman. "Il y a tant d'incohérences dans cette décision qu'on ne peut, me semble-t-il, l'expliquer que par une soumission du CSA à des pressions venues de pays qui parrainent le Hezbollah: le Liban, qui l'héberge, la Syrie, puissance occupante et l'Iran qui finance et arme le Hezbollah". La lettre énumère les "incohérences" du CSA, en particulier le fait qu'il ait demandé en juillet au Conseil d'Etat "l'interdiction" d'Al Manar, qu'il s'appuie sur des attendus susceptibles de justifier une décision contraire ou encore qu'il ait refusé en 2004 la chaîne kurde Média TV "pour cause de risques d'atteintes à l'ordre public, alors que le risque kurde en France paraît bien marginal au regard du potentiel terroriste du Hezbollah". Autre "incohérence" relevée par le Crif: le CSA va "à l'encontre de la politique des pouvoirs publics de lutte contre l'antisémitisme". L'organisation rappelle que le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin avait qualifié, lors du dernier dîner du Crif, les images de films diffusés par Al Manar "d'images insupportables à la vue, brûlantes au coeur et révoltantes à la raison". Le Crif prévient qu'il entend donner "le plus large écho à la présente lettre en espérant que la pression de l'opinion publique française l'emportera, que l'éthique prévaudra sur les pseudos raisons d'Etat et que le CSA reviendra à résipiscence".

!
Les articles de plus de deux ans ne peuvent plus être commentés.