France 2
 

Rédaction
27 mars 2006

Avec "Le grand Charles", un film qui retrace "la traversée du désert" de Charles de Gaulle de 1946 à 1958, le réalisateur Bernard Stora a remporté un pari osé: faire une fiction fidèle à l'histoire, crédible et captivante de bout en bout. Au-delà des douze années que De Gaulle passa presque reclus à Colombey-les-deux-Eglises (Haute-Marne), marquées par la désillusion et l'amertume, le film évoque le trajet de l'homme pendant la Seconde Guerre mondiale, puis son retour au pouvoir après 1958. "Le Grand Charles" démarre par des images d'archives de De Gaulle présentant le référendum aux Français en 1969. "De quoi s'agissait-il? Tout le monde s'en fichait éperdument. On votait pour ou contre De Gaulle", dit une voix off, qui est celle de Bernard Stora. Le film s'achève par d'autres images d'actualité filmées lors de l'enterrement du général. "Moi qui avais connu la fièvre de mai 1968, je trouvais que ce vieux bonhomme avait largement fait son temps. Pourtant le soir où j'ai appris sa mort, j'ai dit +merde!+". "En disant +je me souviens+, j'assume le côté personnel et subjectif du film", expliquait récemment Bernard Stora à l'AFP. Le film s'appuie sur une année de recherche de documentations et d'entretiens. Il comprend de nombreuses images d'archives, mais c'est une oeuvre de fiction", ajoutait-il. Ce va-et-vient entre les images d'archives et les scènes de fiction a représenté un défi pour les acteurs. "Le choix de l'acteur pour incarner De Gaulle a été un énorme problème car c'est un rôle qui fiche la trouille aux comédiens, c'est une icône", reconnaît le réalisateur. En plus, dans ce film, "on remet le vrai De Gaulle sous l'oeil du spectateur toutes les 10 minutes". Mais Bernard Farcy impose un De Gaulle criant de vérité, adoptant la diction particulière du général grâce à un travail avec un professeur spécialisé dans l'évolution du langage. Il a remporté le FIPA d'or du meilleur acteur lors de dernier Festival international des programmes audiovisuels. Face à lui, Danièle Lebrun incarne une Yvonne émouvante, femme d'une autre époque, collet monté mais jamais ridicule. "Comment ai-je pu supporter de vivre toute ma vie aux côtés d'un homme qui parlait de lui à la troisième personne", soupire-t-elle. "Tranquillisez-vous madame, le plus dur est fait", lui répond son mari lors d'une promenade en 1969. L'humour sarcastique de De Gaulle est parfaitement rendu dans des dialogues très ciselés et pourtant naturels. Le film livre ainsi une passionnante leçon d'histoire, sans temps mort, divertissante...et très drôle. Bernard Stora déclare avoir pris "véritablement pris conscience", en travaillant sur ce film, de "l'acte de rupture" qu'a représenté l'Appel du 18 juin. "On peut discuter sur sa politique après 1958 mais l'homme est indiscutable". France 2 diffuse en outre deux documentaires consacrés à De Gaulle: "Yvonne de Gaulle, le rendez-vous de novembre", et "La traversée du désert" de Patrick Pesnot, réunissant des témoignages dont certains servirent de documentation au film de Bernard Stora, sont programmés pour jeudi 22H50. 1ère partie lundi 27 mars à 20H50 sur France 2, 2e partie même horaire le lendemain

!
Les articles de plus de deux ans ne peuvent plus être commentés.