Rédaction
30 juillet 2001

L'émission Brass Eye, une parodie de magazine d'investigation racoleur sur le sujet, avec images-choc, gros plans sur des pédophiles hideux et des visages d'enfants indigne ministres et journaux. S'y ajoutaient de prétendues recettes pour reconnaître un pédophile et soi-disant révélations sur leurs façons d'opérer. L'émission prétendait "pointer les incohérences et le sensationalisme du traitement par les médias des crimes pédophiles", a assuré le directeur général de la chaîne Michael Jackson, dans The Observer. "C'est totalement raté", a estimé sur BBC1 la secrétaire d'Etat à la protection de l'Enfance, Beverley Hughes, reconnaissant toutefois ne pas avoir visionné l'émission, qui totalisait dimanche 2 millions d'appels de téléspectateurs scandalisés. Le ministre de l'Intérieur, David Blunkett, a fait dire par un porte-parole qu'il n'avait pas trouvé la chose "le moins du monde amusante", qualifiant l'émission de "consternante". La ministre de la Culture Tessa Jowell a assuré qu'elle allait réexaminer les pouvoirs d'intervention de la commission de surveillance de la télévision. Non moins furieuses, les célébrités ayant participé à l'émission en croyant soutenir des campagnes de protection de l'enfance, tel Phil Collins, qui dès avant les diffusions, jeudi et vendredi, envisageait de porter plainte. Aucune des personnalités piégées par Brass Eye n'a vérifié l'identité des soi-disant organisations de bienfaisance qui les avaient contactées, selon une source anonyme de la chaîne. Elles se sont en tout cas prêtées au jeu sans aucune méfiance, Phil Collins acceptant par exemple de réciter des slogans en portant un T-shirt orné de la formule "Je raconte n'importe quoi". Les journaux populaires écumaient de rage dimanche, appelant au licenciement de tous les responsables de l'émission et les accusant en substance de faire de l'humour aux dépends des enfants martyrisés. Côté presse dite de qualité, on jugeait l'émission de mauvais goût.

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