Algérie
 

Des administrateurs pour gérer les chaînes TV et les sociétés d'hommes d'affaires algériens en détention

Emmanuel LANGLOIS
2 septembre 2019 à 23h15

C'est officiel, la justice algérienne a désigné des administrateurs afin d'assurer la gestion des sociétés appartenant à des hommes d'affaires proches du président déchu Abdelaziz Bouteflika, incarcérés pour des faits supposés de corruption, a annoncé dimanche la Cour d'Alger.

En effet, depuis le mois de juin dernier, ces difficultés financières ont notamment obligé les deux chaînes privées de télévision Dzaïr News et Dzaïr TV, du groupe Médias Temps Nouveaux d'Ali Haddad, à fusionner.

Cette mesure, prise le 22 août, vise à "assurer la pérennité des activités desdites sociétés et à leur permettre de préserver les emplois et d'honorer leurs engagements envers les tiers", a précisé la Cour dans un communiqué, cité par l'agence de presse officielle APS.

Les administratrices désignés sont des "experts financiers agréés" dont la mission est de gérer des sociétés en proie à des difficultés financières, nées de l'incarcération de leurs propriétaires.

Selon la Cour, cette mesure concerne le groupe Ali Haddad, l'ex-patron des patrons, PDG d'ETRHB, la première entreprise privée du BTP en Algérie à laquelle ont été attribués de gigantesques contrats publics, le Groupe Mahieddine Tahkout, qui possède l'un des plus importants réseaux de concessionnaires automobiles en Algérie et la chaine de television Numidia TV, et le Groupe des frères Kouninef, spécialisé notamment dans le génie civil.

Vu comme un symbole des liens troubles entre certains milieux d'affaires et l'entourage d'Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril par un mouvement de contestation inédit, M. Haddad est incarcéré depuis son arrestation fin mars en possession de deux passeports. Il a été condamné à six mois de prison pour ces faits. Il est par ailleurs l'objet d'une enquête pour des faits présumés de corruption.

Mi-août, le groupe Tahkout avait fait savoir qu'il n'avait pas pu verser les salaires de ses employés en raison du blocage par la justice de ses comptes bancaires.

Mahieddine Tahkout, son fils et de deux de ses frères ont été incarcérés début juin pour des affaires de corruption.

Les frères Kouninef - Karim, Noah-Traek et Reda -, membres d'une famille propriétaire du groupe KouGC, qui bénéficie depuis de nombreuses années d'importants contrats publics, ont été placés en détention provisoire fin avril après avoir été entendus dans une affaire de "trafic d'influence".

Depuis la démission de M. Bouteflika, la justice a ouvert une série d'enquêtes sur des faits présumés de corruption visant en particulier des hommes d'affaires accusés d'avoir profité de leurs liens privilégiés avec son entourage.

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