Radio France
 

Rédaction
29 août 2004

Les deux journalistes français portés disparus en Irak depuis plus d'une semaine ont été enlevés par un groupe islamiste qui réclame l'annulation dans les 48 heures par Paris de la loi sur le voile islamique, a annoncé samedi soir la télévision Al-Jazira du Qatar. Al-Jazira a diffusé deux brèves séquences vidéo montrant les deux journalistes, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, qui annoncent être les otages du groupe l'"Armée islamique en Irak". "Nous sommes avec les frères de l'Armée islamique en Irak", a commencé par dire dans un arabe approximatif Christian Chesnot, en T-shirt gris. "Moi, je voudrais dire à ma famille d'abord que tout va bien", a pour sa part dit en français Georges Malbrunot. Christian Chesnot, pigiste des radios publiques Radio France et Radio France Internationale (RFI), et Georges Malbrunot, envoyé spécial du Figaro et de Ouest-France, ont disparu en Irak le 20 août alors qu'ils devaient quitter ensemble Bagdad pour se rendre dans la ville de Najaf, alors théâtre de combats entre l'armée américaine et les miliciens chiites de Moqtada Sadr. Selon la chaîne qatariote, le groupe exige que "la France annule, dans un délai de 48 heures, la loi interdisant le voile" islamique à l'école publique, en soulignant que "cette loi est une injustice et une agression contre la religion musulmane et les libertés individuelles". A Paris, une réunion de crise, présidée par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, a débuté dimanche vers 09h45 à l'Hôtel Matignon pour coordonner l'action du gouvernement après l'enlèvement de deux journalistes. Les ministres des Affaires étrangères Michel Barnier, de l'Intérieur Dominique de Villepin et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres participent à cette réunion de même que le secrétaire général de l'Elysée Philippe Bas et le secrétaire général adjoint de l'Elysée Frédéric Salat-Baroux. Dominique de Villepin réunira ensuite, à 11h00, le bureau du Comité français du culte musulman (CFCM) à son ministère, place Beauvau. L'affaire est prise "très au sérieux", a-t-on indiqué de source gouvernementale. Les autorités françaises se sont dites "plus que jamais" mobilisées et ont appelé "à la libération des deux journalistes français" enlevés. La loi interdisant le port ostensible de signes religieux à l'école avait suscité de vives protestations des pays arabes, de religieux musulmans, et d'une partie de la communauté musulmane en France, qui y ont vu une attaque contre l'islam. Des manifestations contre la loi ont eu lieu à la fin de l'année 2003 et au début 2004 au Liban, à Bahreïn, en Jordanie, en Egypte, en Indonésie et dans la bande de Gaza, ainsi qu'en France, où une partie de la communauté musulmane a bataillé ferme contre ce texte. Une lettre au nom d'un groupe inconnu, "Les serviteurs d'Allah le puissant et le sage", avait alors menacé la France d'attentats. Le numéro deux d'Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri, avait estimé que l'interdiction du voile dans les écoles publiques françaises "dénote une fois encore la rancune des Croisés occidentaux contre les musulmans". Le groupe aux mains desquelles les deux journalistes français se trouveraient, l'"Armée islamique en Irak", a assassiné le journaliste italien Enzo Baldoni qu'il retenait en otage en Irak. L'exécution de Baldoni, annoncée dans la nuit de jeudi à vendredi par Al-Jazira, a révulsé l'Italie. L'"Armée islamique en Irak" avait déjà exécuté deux otages pakistanais enlevés le 23 juillet. Ce groupe a également revendiqué le rapt du consul iranien de Kerbala, Fereydoun Jahani, et menacé de l'exécuter si l'Iran ne libère pas 500 prisonniers de la guerre qui avait opposé l'Irak et l'Iran de 1980 à 1988.

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