Rédaction
28 mars 2001

L'Inde a échoué aujourd'hui dans sa tentative de lancer une puissante fusée qui devait placer en orbite géostationnaire un satellite expérimental de 1.540 kg. De longues flammes ont été aperçues sur un propulseur d'appoint peu après l'allumage des moteurs, ce qui a apparemment provoqué l'arrêt automatique du décollage de la fusée de trois étages. Il s'agit d'un sérieux revers pour l'Inde qui avait intensifié ses efforts, au cours des dernières années, pour rejoindre le petit club des pays capables de lancer des satellites commerciaux. Le vol d'essai du GSLV (véhicule lanceur de satellite géostationnaire) a été reporté à une date indéterminée, a déclaré l'Organisation de recherche spatiale indienne (ISRO). L'ISRO a décidé "d'annuler la mission pour le moment" et "c'est certainement un revers pour nous", a dit son président, K. Kasturirangan. Le GSLV devait décoller à 15h47 locales (10h17 GMT) depuis le site de Sriharikota, dans l'Etat d'Andhra Pradesh (sud-est de l'Inde). Le compte à rebours s'est déroulé comme prévu mais, quelques secondes après l'allumage des moteurs, des flammes ont très vite grimpé le long d'un des propulseurs d'appoint, provoquant l'annulation du décollage de la fusée, longue de 49 mètres et pesant quelque 400 tonnes. A l'allumage, l'un des quatre propulseurs "n'a pas développé le niveau requis de poussée", a dit M. Kasturirangan, ajoutant que "l'ordinateur a alors ordonné la fermeture du système", ce qui a permis d'éviter "une mésaventure dans l'air". L'échec de la mission a provoqué une vive déception parmi les milliers de chercheurs, d'ingénieurs et d'industriels ayant participé au projet, le plus ambitieux du programme spatial indien. Le GSLV, utilisant un moteur cryogénique russe, devait placer en orbite géostationnaire un satellite expérimental de 1.540 kg, GSAT-1. L'Inde est en train de développer son propre moteur dans le cadre du projet, démarré il y a dix ans et qui a coûté, à ce jour, plus de 300 millions de dollars. Le succès de la mission aurait marqué un saut technologique important pour l'Inde qui aurait ainsi pu rejoindre un petit club composé des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine et de l'Agence spatiale européenne. Un lancement réussi aurait également ouvert des perspectives commerciales aux Indiens sur le marché très lucratif des lanceurs de satellites. Bon nombre de satellites indiens ont, jusqu'à présent, été lancés par Arianespace. M. Kasturirangan a déclaré que l'ISRO allait maintenant analyser les raisons de l'échec et que tous les efforts allaient être entrepris pour "corriger l'anomalie". Au siège de l'ISRO à Bangalore, des scientifiques, qui ont suivi la tentative de décollage du GSLV, ont cru déceler "une légère fuite de carburant" à l'allumage. Ce n'est pas la première fois que le programme spatial indien subit un revers "et l'ISRO s'en est toujours remis", a déclaré Roddam Narasimha, membre de la Commission spatiale indienne.

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