Internet
 

Rédaction
14 avril 2001

L'équipementier français de télécommunications Alcatel a réfuté des accusations de chercheurs californiens lui reprochant d'avoir dissimulé dans des modems d'accès à l'internet haut débit (ADSL) une fonction susceptible de permettre l'espionnage des internautes. Selon ces chercheurs, dont le quotidien Libération a dévoilé les travaux, un système de "porte dérobée" ou "backdoor" permettrait de pénétrer à l'intérieur des ordinateurs connectés aux modems Speed Touch Home et 1000 ADSL d'Alcatel. Tenu secret des utilisateurs, il rendrait possible le prélèvement et le transfert de données d'un ordinateur vers un autre, ainsi que l'introduction de virus. "Nous démentons cette histoire de +backdoor+", s'est insurgé Alcatel . Selon le groupe, le système mis en cause est "une protection du logiciel d'exploitation interne", installée sur 10% de ses modems haut de gamme. Alcatel a reconnu que l'existence du système, automatiquement activé à la sortie d'usine, ne figurait pas sur la notice d'utilisation des modems concernés. "Comme nous ne recommandons pas la désactivation, cette procédure n'apparaît pas dans le manuel", s'est-il défendu. Le groupe a souligné que la manoeuvre d'arrêt était décrite dans l'espace produits de son site internet (www.alcatel.com/consumer/dsl/index.htm). C'est un jeune chercheur japonais vivant aux Etats-Unis, Tsutomu Shimomura, et l'un de ses collègues du San Diego Supercomputer Center, Thomas Perrine, qui ont affirmé avoir mis au jour une "porte dérobée" sur les modems incriminés. M. Shimomura s'était rendu célèbre aux Etats-Unis en 1995 en contribuant à l'arrestation du pirate informatique Kevin Mitnick, recherché par le FBI. L'installation de "portes dérobées" sur des équipements permettant l'accès à internet est parfois obligatoire pour les fabricants, notamment aux Etats-Unis où la loi les oblige à aider la police, et en France, où les autocommutateurs téléphoniques doivent permettrent les écoutes sous contrôle judiciaire. Mais, soulignait Libération, l'existence de tels systèmes est généralement mentionnée sur les notices d'utilisation. Alcatel a exclu que les modems Speed Touch Home et 1000 ADSL permettent l'espionnage, qui plus est à distance, des internautes: "La +firmware protection+ peut être désactivée mais ne peut l'être que localement, là où se trouve le modem. Elle ne peut pas se faire à distance". Selon l'équipementier, le système ne joue en outre en rien sur l'accès à l'ordinateur connecté. "C'est une protection uniquement pour le modem. Si vous utilisez un modem traditionnel, vous n'en disposez pas. Et pour protéger votre PC, il faut des pare-feux spéciaux", souligne-t-il. Alcatel revendique la place de numéro un mondial de l'ADSL, avec 1,7 million de modems vendus l'an dernier, soit 36% de parts de marché. La technologie ADSL permet aux internautes d'utiliser leur ligne téléphonique classique pour accéder au réseau à des débits 200 fois plus élevés qu'avec une connexion traditionnelle sur le réseau commuté.

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