AFP
 

Rédaction
18 novembre 2005

Bertrand Eveno a annoncé jeudi qu'il quittait son poste de PDG de l'Agence France-Presse (AFP), qu'il dirige depuis octobre 2000, "au plus tard fin 2005", invoquant en premier lieu "des motifs personnels et privés d'ordre général". "Pour des raisons personnelles, j'ai pris la décision d'anticiper la fin de mon mandat actuel, qui court jusqu'à octobre 2006, et de quitter, au plus tard à la fin de cette année 2005, les fonctions de PDG de l'AFP que j'exerce maintenant depuis plus de cinq années, puisque j'ai été élu le 11 octobre 2000 et renouvelé le 24 octobre 2003", écrit M. Eveno, 61 ans, dans un message interne au personnel. Les motifs de sa décision, écrit-il, "sont d'abord des motifs personnels et privés d'ordre général. Et aussi d'ordre professionnel, puisque je souhaite exercer une activité nouvelle d'entrepreneur individuel et d'investisseur personnel". Le PDG a annoncé sa décision de quitter l'Agence avant que ne soit connu le résultat du vote par le personnel, par 84,97% des suffrages exprimés, d'une motion de défiance à l'égard de la direction sur la remise à la police de photos non floutées du passage à tabac d'un policier, à Bastia le 1er octobre. M. Eveno a affirmé que sa décision de démissionner n'avait rien à voir avec le vote et que sa décision avait été prise "à la fin de l'été" 2005. "Sur une question aussi importante, je ne vais pas prendre une responsabilité de cet ordre au motif que quelqu'un a fait une motion de défiance", a-t-il déclaré dans une interview à l'AFP. Bertrand Eveno explique qu'ayant décidé de ne pas solliciter un troisième mandat, il a préféré "anticiper le calendrier (de son départ NDLR) en considérant l'intérêt général de l'Agence". Le mandat de M. Eveno expirait normalement en octobre 2006. Bertrand Eveno estime que les défis auxquels l'AFP est confrontée "nécessitent des choix installés dans la durée et une action collective cohérente pendant trois, voire cinq ans". M. Eveno remettra son mandat à la disposition du Conseil d'Administration convoqué pour le 23 novembre. Le Conseil décidera de l'organisation de la période de transition jusqu'à la fin de l'année et établira le calendrier de l'élection de son successeur, a-t-il précisé. "Alors que son redressement financier est en très bonne voie, l'AFP doit maintenant être toute entière mobilisée pour affronter deux défis majeurs, lesquels nécessitent des choix installés dans la durée et une action collective cohérente pendant trois, voire cinq ans", selon M. Eveno. Ces deux enjeux sont selon lui "les développements vidéo, en partenariat avec la nouvelle chaîne d'information lancée par les pouvoirs publics, mais aussi la vidéo pour le web" et "les évolutions sectorielles drastiques qui, dans le monde entier, affectent la presse écrite et plus généralement la mission d'informer, sous l'impact des nouveaux +éditeurs multimédia+ qui détournent une part croissante des ressources du secteur". L'Agence a "d'énormes atouts pour faire face à ces deux défis passionnants et pour en tirer le meilleur parti stratégique, conformément à son projet et dans le respect de sa vocation", a-t-il poursuivi. Mais, souligne-t-il, "pour définir et appliquer ces stratégies, une action cohérente, soutenue et suivie est à l'évidence nécessaire". M. Eveno estime "conforme à l'esprit des textes et aux principes fondateurs de l'Agence" que cette action soit conduite par "un Président nouvellement élu bénéficiant d'une légitimité de trois ans et du soutien affirmé du Conseil d'Administration". Dans un communiqué annonçant le vote de la motion de défiance qu'elle a initiée, l'intersyndicale de l'AFP a pour son part estimé que l'annonce du départ de Bertrand Eveno "lui permet certes d'éviter de devoir faire face au fiasco de sa politique financière et rédactionnelle, mais ne règle rien à l'affaire" des photos remises à la police.

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