Arte
 

Rédaction
16 octobre 2006

Ce soir , sur Arte à 22h40, la cinéaste Agnès Varda dessine un portrait de groupe subtil et mélancolique d'une quinzaine d'habitantes de l'île de Noirmoutier, qui ont toutes perdu leur mari, dans le documentaire "Quelques veuves de Noirmoutier". Agnès Varda a choisi comme terrain d'enquête cette petite île de marais salants, en Vendée, car elle s'y rendait très souvent avec son mari, le cinéaste Jacques Demy, mort en 1990. "Nous y avons notre maison de famille", explique-t-elle. "J'y connais beaucoup de gens et maintenant j'y suis veuve depuis 14 ans". Le documentaire démarre et se clôt sur les images d'un cortège silencieux de femmes, vêtues de noir, marchant sur la plage sur fond de ressac. Entre ces deux plans, la cinéaste interroge ces femmes, presque toujours séparément, sur ce que signifie pour elles le veuvage. En réponse aux questions directes, mais jamais impudiques, d'Agnès Varda, chaque femme donne à voir des bribes de sa vie conjugale passée, les absences du mari (beaucoup étaient mariées à des pêcheurs), l'annonce de la mort, et la vie après. D'âges différents, veuves depuis quelques mois ou de nombreuses années, ces femmes racontent avec simplicité et sans pathos la table devenue trop grande une fois les enfants partis et le mari mort, l'impossibilité de dormir au milieu du lit, la solitude "qui vous saute à la figure à l'occasion d'un geste ou d'une phrase". Ce documentaire, profondément mélancolique, laisse cependant deviner la vie qui continue: le potager à bêcher, le marais salant à entretenir et les petits-enfants qui rendent visite. Agnès Varda avait à l'origine tourné ces images pour une installation, "Les veuves de Noirmoutier", présentée à la galerie Cartier à Paris dans le cadre de l'exposition "L'île et elle". L'auteur de "Sans toit ni loi" et du documentaire "Les glaneurs et la glaneuse" a ensuite décidé de montrer "cette expérience de vie" à un public différent de celui des galeries, utilisant les images tournées pour réaliser ce film de 70 minutes.

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