France 5
 

Rédaction
22 juin 2007

La suppression par France 5 de l'émission de décryptage de la télévision "Arrêt sur images", la seule du genre dans le paysage audiovisuel français, a soulevé une vague de protestation, des pétitions sur internet soutenant le magazine présenté par Daniel Schneidermann. Quatre jours après l'annonce de la non reconduction d'"Arrêt sur images" à la rentrée, trois pétitions de soutien circulaient sur le web, fortes d'au moins 30.000 signatures demandant de rendre l'antenne à cette émission phare de la chaîne publique. Le principal site - http://arret-sur-images.heraut.eu/index - avait réuni jeudi en milieu d'après-midi environ 25.000 signataires. "Arrêt sur images va disparaître. Cette décision n'a pas lieu d'être sur une chaîne publique qui se présente comme une chaîne pédagogique", demande la pétition. Entre 1.200 et 1.500 personnes ont signé une deuxième pétition lancée par des personnalités de gauche (www.la-gauche.org), a indiqué à l'AFP l'un de ses initiateurs, Jean-Luc Gonneau, de l'association Cactus/La gauche. Une troisième pétition (MesOpinions.com) a été paraphée par 4.000 internautes estimant qu'il "est du devoir de France Télévisions d'offrir aux citoyens un espace de liberté où l'autocritique est vive et sans concession". Dans Libération, plusieurs écrivains et chercheurs ont publié une tribune de soutien. La FSU, première fédération de l'éducation, a demandé le maintien de cet "outil pédagogique". La CFDT Médias a défendu "l'existence d'une émission critique des médias" tout en affirmant que son présentateur, Daniel Schneidermann, n'était "victime d'aucune chasse aux sorcières". France 5 a annoncé lundi qu'elle ne reconduirait pas à la rentrée six de ses magazines, dont "Arrêt sur images", le plus ancien. L'émission avait été créée sur La Cinquième en 1995 et était diffusée sur France 5 depuis 2002, le dimanche. Elle proposait un décodage du traitement de l'actualité par le petit écran. La chaîne publique a estimé que le concept n'avait "pas évolué", soulignant un "tassement de l'audience". "Nous avons demandé à M. Schneidermann d'élargir son émission aux autres médias, il n'a pas voulu", a dit à l'AFP le directeur de l'antenne et des programmes, Philippe Vilamitjana. "C'est faux, jamais on ne nous a fait de suggestion d'évolution", a affirmé à l'AFP Daniel Schneidermann. La chaîne prévoit de remplacer l'émission par un autre magazine de "décryptage de l'actualité en direct". "Notre mission de décryptage et de libre parole demeure", a assuré M. Vilamitjana. "Ce qui me choque c'est que la chaîne ne prévoit pas d'alternative et s'assoie ainsi sur son cahier des charges. Car décrypter l'actualité ce n'est pas décrypter ceux qui la font!", s'est insurgé M. Schneidermann qui cherche des diffuseurs alternatifs. Outre une procédure de licenciement, M. Schneidermann fait l'objet d'une mise à pied pour des "faits" qui lui seraient reprochés mais qu'il dit ignorer. Il fait état d'un "refroidissement" avec la hiérarchie de France 5 depuis qu'"Arrêt sur images" a fait un sujet en avril 2006 sur la relation entre la journaliste de France 2 Béatrice Schoenberg et le ministre de la Cohésion sociale d'alors, Jean-Louis Borloo. "Sur mon blog, j'ai raconté comment, pendant le montage, la cassette s'est retrouvée aux mains d'Arlette Chabot (directrice de l'information de France 2, NDLR), qui m'a appelé pour me dire +ce que tu fais est dégueulasse+... France 5 a dû se sentir coupable" de lui avoir donné la cassette, raconte-t-il.

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