Rédaction
24 novembre 2001

Les industriels du câble et des télécommunications restent optimistes pour le futur de l'internet à haut débit, en dépit des difficultés des technologies d'accès (ADSL, câble, boucle locale radio) à toucher un marché de masse. "Malgré la crise que nous connaissons, la croissance ne se ralentit pas vraiment. L'internet rapide et l'internet ont crû de 15% (en trafic) en octobre", a souligné à Montpellier (France) Serge Tchuruk, Pdg de l'équipementier français de télécommunications Alcatel. "C'est pour nous une conviction que ce marché va décoller à partir des nouvelles technologies", a-t-il affirmé devant un parterre de professionnels acquis à sa cause, lors des Journées internationales de l'Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe (IDATE). "Ce marché est très prometteur. Je suis très optimiste pour l'avenir du haut débit", a renchéri le Pdg du Suédois Ericsson, Kurt Hellstroem. Aucune voie d'accès à l'internet haut débit n'a creusé jusqu'ici de vrai sillon en Europe et le Vieux continent compte, selon le directeur général de l'IDATE, Yves Gassot, "un an de retard" sur les Etats-Unis sur ce créneau. Pour autant, 47 millions d'Européens devraient être connectés à l'internet rapide via l'ADSL en 2006, dix fois plus que fin 2001, d'après l'IDATE. En 2005, 28% d'autres (contre 1% aujourd'hui) devraient l'être via le câble, prédit David Colley, de Callahan Associates, 4e câblo-opérateur mondial avec 7,9 millions d'abonnés (200.000 en haut débit). En France, 40.000 professionnels -au lieu de 2.000 actuellement- devraient se connecter en 2004 par boucle locale radio (BLR) et 948.000 via l'ADSL, selon une étude du cabinet IDC pour le compte de Firstmark, numéro un hexagonal de la BLR piloté par Suez. Le retard de pénétration (4% cette année) du haut débit en Europe tient aux fortunes diverses de ses modes d'accès. Le câble a envahi les Pays-Bas (93,5% des foyers), la Suisse (90,4%) ou la Belgique (85,8%), un peu l'Allemagne (61,4%), mais il reste faible en France (13,1%) et au Royaume-Uni (14,2%) et confidentiel en Espagne (0,7%). La BLR, lancée cette année, a payé la mauvaise conjoncture, avec quatre faillites d'opérateurs en Allemagne et des remaniements d'actionnariat en France (Fortel racheté par LDCom pour devenir Squadran). L'ADSL souffre des retards d'ouverture à la concurrence (dégroupage) des réseaux téléphoniques locaux des opérateurs historiques européens. Selon l'ECTA (European competitive telecommunications association), l'ADSL ne couvre que 1% des lignes dans l'Union européenne, avec seulement 3% exploités par des opérateurs privés, et seuls le Danemark et la Finlande ont dégroupé plus de 25% de leurs lignes ADSL (0 à 4% dans les autres pays). "L'accès ADSL est vital pour la promotion des services payants (vidéo à la demande, musique, etc) sur internet", souligne Jan Geldmacher, de Deutsche Telekom, qui fait figure de bon élève avec 2 millions de lignes ADSL déployées en Allemagne d'ici fin 2001 (contre 500.000 prévues chez France Télécom). "C'est un pas indispensable si on veut conserver une clientèle qui demande tout, de la téléphonie à l'accès internet", ajoute-t-il. Clientèle: le mot est lâché et les industriels n'ont que lui à la bouche. "Ce qui s'est passé ces deux dernières années a donné l'impression qu'on avait oublié à qui ces nouvelles technologies pouvaient servir: on a oublié l'utilisateur", reconnaît le président de l'IDATE Francis Lorentz. "Le haut débit reste encore trop compliqué pour l'utilisateur", note Kurt Hellstroem, prônant la pédagogie. Au-delà de l'ADSL, dont Alcatel est le numéro un mondial avec 50% de part de marché, Serge Tchuruk croit aussi au développement du haut débit via la télévision, un secteur dans lequel son groupe collabore avec Thomson Multimédia via leur filiale commune Nextream. "Il y a beaucoup de PC mais on est loin des 100% (de taux d'équipement). La télévision, elle, existe partout", souligne-t-il.

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