Arte
 

Rédaction
19 avril 2008

Une histoire d'amour avec pour musique de fond les bombes qui sifflent et éclatent, anéantissant population et villages: "Sous les bombes", du réalisateur libanais Philippe Aractingi, est le premier film sur la guerre entre Israël et le Hezbollah de l'été 2006. Baptisé "Pluie d'été" lors de sa sortie au Liban, du nom de l'offensive lancée par Israël dans la bande de Gaza, fin juin 2006, dans le but de récupérer un soldat capturé par des islamistes, le film diffusé ce soir sur ARTE à 22h30, montre plusieurs scènes qui ont été tournées pendant ce conflit. M. Aractingi a ensuite filmé alors que les décombres fumaient encore, parmi les réfugiés libanais, les Casques bleus, les étrangers attendant d'être évacués. "Mon but était de réagir rapidement, de témoigner au lieu de subir", expliquait-il à l'AFP lors de la sortie du film au Liban. Caméra en main, les deux acteurs principaux, Georges Khabbaz et Nada Bou Farhat à ses côtés, il se rend dans les zones dévastées du sud: Qana, Tyr, Nabatiyeh, Siddiqine. Autant de villes qui ont subi le conflit, en étant saignées lentement de leurs habitants, morts ou déplacés. "On travaillait dans l'urgence et l'improvisation. La guerre a éclaté le 12 juillet, le 20 je faisais mes premières images", dit le cinéaste. L'histoire se développe avec les événements: vrais journalistes et réfugiés authentiques viennent se greffer au monde fictif des deux caractères principaux. Zeina, une chiite en instance de divorce qui vit à Dubaï, revient chercher son fils qui passe l'été chez sa tante, dans le sud. Son chemin croise celui de Tony, un chauffeur de taxi chrétien. De villages désertés en villes bombardées, ils iront ensemble à la recherche de l'enfant. "Zeina et Tony sont tous les deux en dehors du conflit. Ni partisans du Hezbollah ni d'Israël, ils représentent les victimes civiles d'une guerre qu'elles n'ont pas cherchée", déclare M. Aractingi. En 33 jours, la guerre a causé la mort de 1.200 personnes au Liban et de 162 Israéliens, dont 41 civils, ainsi que le déplacement de centaines de milliers de Libanais. Filmer dans ces conditions de chaos et d'insécurité était un véritable défi pour l'équipe, qui comptait sur les journalistes et les humanitaires sur le terrain pour l'informer des zones sûres, dans une région truffée de munitions non explosées. "C'est un vrai film de guerre, pas de Hollywood. Quand on passe près des morts, on se cache la bouche avec la main à cause de la puanteur", affirme M. Aractingi, qui se défend toutefois de faire dans le voyeurisme, insistant sur un devoir de "témoignage". Dans l'une des scènes, de vrais Casques bleus débarquent d'un hélicoptère et passent près de Zeina. "Ils étaient indifférents à la caméra, noyée parmi des dizaines d'autres, des télévisions celles-là". Dans une autre, elle enterre sa soeur lors de funérailles collectives pour des victimes tombées dans le sud. "Les larmes n'étaient pas fausses", dit-il. Le film a été récompensé par de nombreux prix, en France et à l'étranger.

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