LFP
 

Rédaction
26 janvier 2003

La décision du Conseil de la concurrence de suspendre l'appel d'offres de la Ligue de football professionnel (LFP) pourrait ouvrir la voie à un nouveau partage des droits de diffusion entre Canal+ et TPS, et donc, in fine, à la reconduction de la situation actuelle. Désormais, le feuilleton de l'attribution des droits télévisés du football peut prendre deux directions principales, selon les analystes: soit les parties en présence (Canal+, le bouquet satellite TPS et la Ligue) persistent sur le terrain juridique, soit elles se mettent d'accord pour tout reprendre à zéro, à travers un nouvel appel d'offres. Le premier scénario, que TPS a commencé à écrire en portant plainte contre Canal+ devant le Conseil de la concurrence pour "abus de position dominante", ne trouverait son point final que dans plusieurs mois, six au minimum. "Ce serait plutôt gênant pour le Groupe Canal+, qui ne peut pas rester dans le flou pendant plusieurs mois sur un sujet aussi important pour lui que le football", relève une analyste financière d'une grande banque européenne. La filiale de Vivendi Universal, en pleine restructuration et toujours décidée à entrer en bourse -même si bon nombre d'analystes n'y croient plus pour 2003- n'a donc pas de temps à perdre, d'autant qu'elle a encore perdu environ 70.000 abonnés en 2002 (autant qu'en 2001). Si TPS est moins pressée par le calendrier que son rival, son objectif d'atteindre l'équilibre financier à la mi-2003 pourrait néanmoins être lui aussi contrarié par de durables incertitudes autour des droits du foot. Quant à la LFP, elle aurait tout intérêt à faire oublier le plus vite possible, si elle le peut, l'appel d'offres montré du doigt par le Conseil de la concurrence, désavoeu sévère pour son président Frédéric Thiriez. "Une solution à l'amiable, à travers un nouvel appel d'offres, me semble de loin la plus sensée", poursuit l'analyste financière. Un nouvel appel d'offre dont la composition laisserait nécessairement la porte ouverte à un nouveau partage des droits entre les deux opérateurs -ce qu'excluait de fait celui suspendu par le Conseil de la concurrence. Ni Canal+ ni TPS, qui se partagent déjà les droits de diffusion jusqu'en 2004, ne souhaitaient commenter vendredi l'éventuelle décision de la LFP de lancer un nouvel appel d'offres. "Ce serait déjà reconnaître que l'appel d'offres actuel n'est pas valide", remarque un observateur. Un partage enlèverait certes à Canal+ l'exclusivité totale qu'elle visait, mais lui permettrait aussi d'alléger la facture de 480 millions d'euros qu'elle a proposée de payer jusqu'à présent. Pour TPS, qui n'a pas autant besoin de football que Canal+, avoir un peu de foot serait néanmoins une façon de garder un pied dans l'un des marchés décisifs de la télévision payante, et surtout d'avoir un levier de "pression" en cas de fusion avec la plate-forme numérique CanalSatellite. "Si TPS et Canal se décident enfin à fusionner, ce qui devrait prendre encore pal mal de temps, le football sera un élément décisif dans le rapport de forces et les modalités du mariage", explique l'analyste financière. Côté prix, le risque d'une nouvelle escalade existe mais Frédéric Thiriez déclarait dès hier (jeudi) qu'après avoir valorisé le championnat de Ligue 1 à 420-480 M EUR, "l'enjeu, désormais, est de sécuriser cet acquis". "De toute façon, ni Canal ni TPS n'ont les moyens de se lancer dans une guerre des prix", conclut l'analyste financière.

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