Le Monde
 

Rédaction
30 septembre 2003

La direction du Monde a convoqué hier son chroniqueur Daniel Schneidermann pour un entretien préalable à son licenciement en raison des critiques contenues dans son ouvrage à paraître jeudi, a-t-on appris de sources concordantes au sein du journal. La direction du Monde ne souhaitait pas commenter ces informations. La décision de Jean-Marie Colombani a été annoncée lundi à la hiérarchie du journal qui l'a répercutée au sein de ses services. Le conseil de la Société des rédacteurs (SRM), premier actionnaire du journal, s'est réuni lundi en fin d'après-midi et a entendu Jean-Marie Colombani, patron du quotidien, après Daniel Schneidermann. Le conseil de la SRM devait poursuivre mardi ses débats. La SRM dispose d'une minorité de blocage de 33,33% en droits de vote du capital de la société éditrice. M. Schneidermann, dans son ouvrage "Le Cauchemar médiatique", à paraître jeudi chez Denoël, qui stigmatise les emballements médiatiques de notre société, livre une charge contre Le Monde et sa direction, à propos notamment de la manière dont ils ont riposté aux accusations contenues dans le livre de Pierre Péan et Philippe Cohen "La Face cachée du Monde". Dénonçant ce livre comme "suintant la volonté de détruire", M. Schneidermann affirme s'être cependant senti "immédiatement en complet désaccord avec la réaction de la direction" du Monde. Chroniqueur associé, M. Schneidermann est journaliste depuis 1983 au Monde. Il anime sur France 5 l'émission "Arrêt sur images" depuis 1995. Lors de la sortie du livre de Péan et Cohen, il avait notamment estimé le 1er mars dans Le Monde que "cette enquête sur la part d'ombre du journal multiplie les faits". Il publiait le 8 mars un éditorial critique à l'égard de la direction du journal: "Nourrie, pugnace mais tardive, la contre-offensive suffira-t-elle à effacer le souffle du Péan-Cohen? Ce n'est pas certain". Dans une chronique parue dans Le Monde daté de dimanche-lundi et intitulée "Quand la machine s'emballe", le médiateur du journal, Robert Solé se montre pour sa part très critique sur le traitement de l'affaire Alègre par le quotidien, estimant qu'"au cours de ce feuilleton lamentable, on aurait aimé que Le Monde se distingue plus souvent par son obstination à vérifier les faits, par sa retenue ou par son silence".

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