Rédaction
8 février 2001
Sélectionné dans la catégorie "Grands reportages et faits de société" du FIPA à Biarritz, "L'Afrique en morceaux" dresse un constat accablant sur les coulisses du drame qui ensanglante "L'Afrique des grands Lacs" depuis 1994, date du génocide du Rwanda. Réalisé par Jihan El Tahri, Egyptienne formée à l'école documentaire de Brian Lapping, et par Peter Chappell sur une idée d'Hervé Chabalier, PDG de l'agence CAPA, c'est un travail de trois ans qui remet l'histoire en perspective à travers des témoignages nombreux et inédits. Ce qui frappe d'emblée, c'est qu'aucun officiel français ne s'exprime. "Ils ont tous refusé. Cela a été un non catégorique et sans appel", souligne la réalisatrice. "Je n'ai pas voulu juger les bons et les méchants. C'est l'histoire de cette région", ajoute-t-elle, précisant qu'elle est allée chercher des images hors des circuits habituels. Le film commence délibérément après le génocide du Rwanda qui fait vaciller l'Afrique noire. "L'Afrique est-elle un continent maudit? De ces spasmes naîtra peut être un accouchement véritable", commente Hervé Chabalier. Comprendre les tenants et aboutissants sans pour autant travailler chronologiquement n'a sans doute pas été la partie la plus facile de cet exercice, chronique d'une révolution déçue. Parmi les intervenants, Laurent Désiré Kabila, le tombeur de Mobutu, qui vient d'être victime d'un attentat en République démocratique du Congo (ex Zaire). On le voit, en 1997, réalisant son rêve de renverser l'homme fort du Zaire, pays charnière entre l'est et l'ouest du continent qui recèle d'importantes ressources minières. Après la chute de la ville de Kisangani, le destin de Mobutu est scellé. Le président de l'Ouganda, Yoweri Museveni, aide Paul Kagame à prendre le pouvoir au Rwanda et choisit Kabila pour renverser Mobutu au Zaire. L'ambassadeur américain à l'ONU Bill Richardson, envoyé spécial du président Clinton dans la région des grands Lacs, est omniprésent. Mais derrière les stratégies des uns et des autres et les espoirs d'une autre Afrique, ce sont des milliers d'Africains qui périssent. "Pour dire vrai, je suis assez pessimiste. Je pense que l'Afrique mettra très longtemps à s'affranchir. La guerre commencée en 1996 est loin d'être achevée et pourtant cette région, où il y a d'énormes interêts économiques, a besoin de stabilité", commente Jihan El Tahri.
Sur Canal +, la soirée se poursuivra, ce soir 8 février à partir de 20h30, avec la diffusion du long métrage de Thierry Michel "Mobutu, roi du Zaire", sorti en salles il y a un an.
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