Télévision
 

Rédaction
10 mars 2007

Le monde de la télévision britannique est en pleine tourmente : quatre chaînes viennent de se faire pincer coup sur coup à diffuser des émissions encourageant le public à passer des appels surtaxés qui étaient manipulées pour rendre ces programmes encore plus juteux. La télé-tirelire, qui fonctionne avec des appels coûtant jusqu'à une livre (1,5 euro), pour voter pour ou contre un candidat ou répondre à des questions, est un marché en pleine croissance dans le pays, estimé à 1,2 milliard de livres (1,7 milliard d'euros). Dernière en date, la chaîne Channel Five a admis jeudi des irrégularités dans les appels passés pour son jeu de milieu de journée "Brainteaser" (énigme), qu'elle a suspendu. Une filiale d'Endemol, le pionnier de la télé-réalité qui produit le jeu, a reconnu cinq incidents entre janvier et cette semaine. La production a inventé des gagnants fictifs quand aucun téléspectateur n'avait donné de bonne réponse par téléphone. Cette pratique pourrait avoir été utilisée pour poser une nouvelle question plus rapidement et augmenter les gains. La chaîne BBC One a reconnu des problèmes avec son émission hebdomadaire "Saturday Kitchen", où des chefs sont invités pour montrer leurs recettes: le 10 février des téléspectateurs ont été invités à appeler pour participer à une émission ... qui avait déjà été enregistrée. Et la chaîne ITV, qui diffuse X-Factor, une émission censée dénicher les futurs stars de la chanson, aurait facturé 200.000 livres (294.700 euros) de trop à ses téléspectateurs. Mais ce sont les arnaques de l'émission de Richard et Judy, un couple modèle qui anime depuis de nombreuses années un talk-show sur l'art de vivre, qui a fait couler le plus d'encre. Le couple a dû interrompre son quizz "You Say We Pay" après que le tabloïd Mail on Sunday eut révélé que les appels du public continuaient à être encouragés alors qu'un candidat avait déjà été sélectionné. Les responsables de ces arnaques n'ont pas encore été désignés et des enquêtes sont encore en cours. Mais les chaînes, les sociétés de production et les sociétés chargées des standards téléphoniques se renvoient déjà la balle. Les patrons des grandes chaînes, convoqués jeudi par le régulateur des appels téléphoniques Ictis, ont dû accepter de nouvelles règles, dont un monitoring systématique et des audits indépendants réguliers. L'affaire pourrait prendre un tournant judiciaire. "Si nous avons une preuve d'un possible délit (...) je peux vous assurer que nous transmettrons ces preuves (à la police) pour enquête", a déclaré Alistair Graham, le président du régulateur Ictis. Les chaînes ont multiplié les excuses publiques et promis de rembourser les téléspectateurs floués, mais la confiance perdue du public pourrait coûter cher à la télévision britannique. "Les quizz interactifs, votes et concours sont de plus en plus importants dans les flux de revenus des chaînes (...) si la confiance des consommateurs pour décrocher le téléphone ou appuyer sur le bouton rouge s'effondre, elles vont avoir des trous importants dans leurs finances", relevait cette semaine le Guardian dans son supplément médias.

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