Vivendi
 

Rédaction
16 août 2002

Vivendi Universal restait en pleine tourmente boursière hier soir, l'action du groupe n'en finissant pas de crever un à un ses planchers à la Bourse de Paris, alors que les observateurs du marché pointent du doigt les problèmes de liquidités du groupe à court terme. Les opérateurs ont en outre été déçus par une communication de la direction jugée pour le moins laborieuse. A la clôture à Paris, Vivendi Universal a encore chuté de 10,85% à 10,60 euros, dans un marché en hausse de 4,14%. On peut estimer qu'il a limité les dégâts, puisqu'il avait touché un plus bas historique à 8,94 euros en matinée après avoir déjà abandonné 25,22% mercredi. Depuis le début de l'année, la baisse atteint presque 83%. Les inquiétudes concernant une éventuelle faillite du groupe ont été relancées mercredi par un communiqué qui chiffrait les besoins de refinancement du groupe à 5,6 milliards d'euros pour la période allant de juillet 2002 à fin mars 2003. "Ces besoins seront couverts par la ligne d'un milliard actuellement consentie; celle-ci devant être portée à 3 milliards avant fin septembre 2002", a indiqué VU dans son communiqué. Etranglé par une dette de 35 milliards d'euros, VU s'est d'autre part engagé mercredi à céder pour au moins 10 milliards d'euros d'actifs dans les deux prochaines années dont 5 milliards dans les 9 prochains mois. Jeudi la banque d'affaires américaine Merrill Lynch a abaissé sa recommandation sur Vivendi Universal à "neutre" contre "achat fort" à cause de la dette. "Tout cela manque de maîtrise", s'emporte un analyste parisien, très mécontent de la conférence téléphonique qui avait suivi la publication des résultats mercredi et à l'issue de laquelle de nombreux participants ont estimé ne pas avoir reçu de réponses à leurs questions. "Je veux bien qu'on enlève l'équipe de Messier, mais il ne reste plus qu'Agnès Touraine (PDG de Vivendi Universal Publishing) et Philippe Germont (patron de Cegetel), et avec le départ d'Eric Licoys du poste de Directeur général, la direction manque de suivi au niveau financier et industriel", constate-t-il. "Je trouve gênant le remplacement rapide du directeur financier", Guillaume Hannezo par Jacques Espinasse, le 17 juillet, deux semaines après que Jean-René Fourtou a pris la tête du groupe succédant à Jean-Marie Messier, poursuit l'analyste. Selon lui, "pour rassurer, M. Fourtou aurait dû donner au moins des pistes sur les grandes lignes stratégiques qu'il doit dévoiler en septembre" et préciser davantage quelles sont ses chances d'obtenir le prêt de 3 mds d'euros en cours de négociations avec les banques. "Le problème de Vivendi Universal se situe dans le très court terme. Si à court terme les banques ne lui donnent pas l'argent, qu'il attend, la question de la stratégie à long terme ne se posera plus", affirme-t-il. Les commentaires des maisons de courtage relevaient tous l'échec de ce premier rendez-vous de la nouvelle direction avec la communauté financière, qui, comme l'écrit Aurel Leven "n'a pas eu l'issue favorable espérée". La maison de courtage CIC Securities souligne que ce sont "les agences de notation qui ont dégradé la note de VU (qui) ont révélé la forte révision en baisse des perspectives de cash-flow par le nouveau management". "Il est regrettable que Jean-René Fourtou n'ait pas communiqué les premiers résultats de l'audit préférant attendre le 25 septembre prochain pour annoncer la nouvelle orientation stratégique de VU", juge pour sa part la société Aurel Leven. D'ici là, le titre risque de continuer à être secoué. "L'humeur des investisseurs et les rumeurs de marché sur la structure et la stratégie à venir du groupe devraient conduire à une volatilité accrue au cours des prochaines semaines", avertit le courtier Dresdner Kleinwort Wasserstein.

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