Agence spatiale européenne
 

Rédaction
6 décembre 2005

Les ministres chargés de l'espace des 17 pays membres de l'Agence spatiale européenne (Esa) ont décidé mardi à Berlin de donner la priorité aux lanceurs européens pour leurs satellites afin de soutenir la technologie du continent, a-t-on appris de sources proches des négociations. Les ministres sont également tombés d'accord pour maintenir le financement de la station spatiale européenne (ISS), dont le sort est incertain, à la hauteur prévue de 650 millions d'euros jusqu'en 2008, selon les mêmes sources. Ils ont en outre accepté le principe d'une augmentation annuelle jusqu'en 2010 de 2,5% de l'enveloppe consacrée à la recherche scientifique, programme "obligatoire" de quelque 500 millions d'euros dont tous les pays membres doivent assurer le financement. Cet accroissement permettra de compenser l'inflation. La "préférence européenne" portera sur les lanceurs développés par l'Esa (soit aujourd'hui les gros lanceurs comme Ariane-5 et les petits comme Véga, dont le premier vol est prévu fin 2007), puis les russes Soyouz (moyens porteurs), lorsqu'ils seront tirés depuis le centre spatial de l'Esa à Kourou, en Guyane française, à l'horizon 2008-09. Selon le principe retenu, le coût par lancement déterminé entre l'Esa et l'opérateur sera considéré comme une base de prix "raisonnable", seule une différence de plus de 25% pouvant être prise en compte pour recourir à des lanceurs non-européens. Cet engagement vise à faire face aux services bon marché offerts par l'Inde, ou par la Russie depuis la base de Baïkonour, au Kazakhstan, tout en ne privant pas les opérateurs de satellites de l'utilisation d'autres lanceurs. Celui-ci reste également possible si les services requis pour un satellite donné ne sont pas disponibles en Europe, ou si le lanceur n'offre pas de garantie suffisante "d'adaptabilité". En acceptant, sur l'insistance de l'Allemagne, de continuer à financer la station spatiale internationale, les ministres ont souhaité préserver les compétences industrielles en attendant que le sort de l'ISS soit fixé. Celui-ci dépend notamment de l'avenir de la navette américaine, dont les vols prévus sont reportés au moins jusqu'à mai 2006. Le laboratoire européen Columbus de recherche en apesanteur (un milliard d'euros) attend ainsi de pouvoir être emporté sur la station. L'Esa dispose toutefois, fait rare à l'agence, d'une validation année par année des fonds à débloquer, de façon à garder une certaine flexibilité. Peu de soutien a en revanche été trouvé pour une participation de l'Esa dans le projet russe d'"avion de l'espace" Clipper, qui aurait pu à terme desservir l'ISS, même si la porte n'est pas fermée. Les ministres ont très largement souscrit au programme de préparation de l'Esa pour participer à une future base lunaire habitée et envoyer un robot d'exploration sur Mars, à la recherche de traces de vie présente ou passée. Le remplacement de Cryosat, le satellite d'observation climatique détruit en septembre lors de son lancement, sera également financé, ainsi que le développement d'un futur lanceur "réallumable", qui pourrait emporter plusieurs satellites à la fois. Les ministres sont d'accord pour commencer à préparer le terrain pour un réseau européen de surveillance de la Terre (environnement et sécurité), réclamé par l'Union européenne. Ce programme sera lancé en attendant que l'UE sorte de son impasse budgétaire et puisse débloquer les fonds adéquats.

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