Canal+
 

Rédaction
30 janvier 2007

Une famille de Blancs soigneusement grimés en Noirs, une famille de Noirs soigneusement grimés en Blancs, aux prises avec les mille soucis de la vie quotidienne. Tel est le thème de "Dans la peau d'un noir", nouveau documentaire de Canal+ sur les problèmes de société, diffusé ce soir et demain soir à 20h50. "On a voulu illustrer ce qu'est le racisme au quotidien en France", explique Rodolphe Belmer, directeur général délégué de la chaîne cryptée. Selon lui, l'idée était de rendre ce problème "sensible et perceptible, c'est-à-dire visible, à l'ensemble de nos concitoyens". Au prix de longues heures de maquillage, une équipe de spécialistes a transformé en Noirs une famille de Blancs, Laurent Richier, 40 ans, son épouse Stéphanie, 35 ans, et leur fils Jonathan, 16 ans, et changé en Blancs une famille de Noirs, Romuald Berald, 41 ans, Antillais, sa compagne Ketty Sina, 48 ans, d'origine camerounaise, et la fille de cette dernière, Audrey Verges, 19 ans, métisse camerounaise et catalane. "L'idée de cette immersion n'est pas nouvelle", note Christine Cauquelin, directrice des documentaires de Canal+. En 1959, l'écrivain Blanc américain John Griffin s'était transformé en Noir à coup d'ultra-violet pour vivre pendant six semaines la vie d'un homme de couleur dans le sud des Etats-Unis. En France, un journaliste du magazine Actuel avait réédité l'expérience. Enfin, Canal+ a acheté les droits de l'émission américaine créée par la Fox, "Black and White", fondée sur le même principe d'un échange de race, pour mettre au point sa propre émission. "Il ne s'agissait pas de faire un état des lieux du racisme en France", souligne Renaud Le Van Kim, d'origine asiatique, réalisateur de ce long documentaire (deux fois 100 minutes) avec Adrien Soland et Stéphanie Pelletier. Selon lui, son documentaire ne montre pas de comportements racistes flagrants mais plutôt une "accumulation de micro-vexations". Comparant le racisme en France et aux Etats-Unis, il note qu'aux Etats-Unis, les Noirs ne sont pas considérés a priori comme étrangers, alors qu'en métropole, on les considère spontanément comme étrangers ou, tout au moins, originaires d'outre-mer. Selon lui, même si la société n'est pas majoritairement raciste, "la somme des microcomportements, des microvexations, des microdiscriminations amène de nombreuses personnes noires à s'autocensurer, à se sentir inférieures". Les caméras de Canal+ suivent donc les deux familles, tantôt grimées, tantôt non, en quête d'un emploi, d'un logement, ou en train de faire des achats. Le soir, autour d'une table, Blancs et Noirs échangent leurs impressions. Ils ont beaucoup évolué au cours de l'expérience qui a duré un mois, souligne Renaud Le Van Kim. Laurent Richier, en particulier, discriminé à cause de sa surcharge pondérale quand il était jeune, se montre de plus en plus choqué par les vexations qu'il subit "dans la peau d'un Noir". "Si ce film peut changer le idées de 10, 20 ou 30 personnes, je serais super heureux", conclut-il.

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