Orange
 

Rédaction
10 avril 2008 à 03h00

France Télécom, en s'aventurant dans le cinéma et le sport à la télévision, déclare la guerre, même s'il s'en défend, à Canal+, qui réclame du coup que la concurrence se fasse "à armes égales". "Le monopole de la télévision payante est terminé, le marché est ouvert", a déclaré, comme un défi, le PDG de France Télécom Didier Lombard, premier opérateur télécom à s'exprimer dans le grand amphithéâtre du marché des contenus audiovisuels, le MipTV, à Cannes. Orange, qui va lancer six chaînes de cinéma et de séries télévisées d'ici fin 2008, "a reconstitué un petit TPS Star et devient donc un concurrent sérieux" pour Canal+, a estimé de son côté le directeur général de la chaîne cryptée Rodolphe Belmer. En février, l'opérateur avait déjà fait une incursion dans les domaines de prédilection de Canal+, en déboursant 203 millions d'euros pour obtenir trois des douze lots de droits audiovisuels 2008-2012 de la Ligue 1 de football. Les neuf autres avaient été remportés par Canal+. Cette fois-ci, Orange a signé des accords pluriannuels avec les studios de cinéma Warner, la société française Gaumont et la chaîne de télévision américaine HBO. "Nous ne sommes plus un monopole", a déclaré Rodolphe Belmer. Canal+ avait dû s'engager à un certain nombre de contraintes lors du rachat en 2006 du bouquet satellitaire TPS, qui signait alors la disparition de son seul concurrent sur son secteur. "Il faut également que France Télécom contribue sur son chiffre d'affaires dégagé des offres triple-play" (internet, télévision et téléphonie, ndlr) au financement de la création française, comme le fait Canal+, qui doit consacrer, par exemple, 12% de son chiffre d'affaires à la création cinématographique, a ajouté le directeur général. "L'exception culturelle, ça se finance et se protège". "Bien évidemment on remplira toutes les obligations liées à la production européenne", a répondu M. Lombard, indiquant avoir "déjà pris les devants" avec la création fin 2006 d'une filiale d'investissement dans les droits cinématographiques, Studio 37, qui a pour objectif de coproduire dix à 15 films par an. Autre cheval de bataille de Canal+: le piratage. "Il faut que France Télécom lève l'ambiguité" à ce sujet "et qu'il s'engage", a estimé M. Belmer. Les fournisseurs d'accès internet sont montrés du doigt par les diffuseurs de contenus, qui leur reprochent leur manque de contrôle sur le téléchargement illégal par leurs clients. "En augmentant le niveau des offres légales, je pense que l'on va faire baisser le niveau du piratage", a assuré M. Lombard. Il a insisté à plusieurs reprises sur les qualités des réseaux télécoms, qui seuls permettent l'interactivité et la possibilité de regarder des contenus en tous lieux et sur tous supports (télévision, PC et téléphone mobile). Selon lui, "il s'agit de défricher des territoires qu'il serait dommage de laisser en jachère, c'est même un devoir pour nous". "Si la concurrence se fait à armes égales, ce sera bénéficiaire pour le secteur", a jugé M. Belmer. La chaîne cryptée tient d'autant plus à une égalité de traitement qu'elle fait figure de petit poucet, en termes de moyens financiers, face au géant France Télécom. Bertrand Méheut, PDG du groupe Canal+, souhaite ainsi que "les pouvoirs publics acceptent de revoir les règles anti-concentration des médias qui empêchent ces derniers de se développer et de constituer des groupes capables de rivaliser avec les télécoms", a-t-il déclaré dans un entretien au Figaro mercredi. En France, un groupe ne peut pas posséder plus de 49% d'une entreprise des médias.

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