Télévision
 

Rédaction
21 septembre 2009
Publiques ou privées, les chaînes françaises se sont fixé un objectif primordial pour les prochains mois, voire les prochaines années: réconcilier le public de moins de 40 ans avec la fiction française. Lors du festival de la fiction de la Rochelle, qui s'est terminé dimanche, un thème a dominé, tant au sein des chaînes que des producteurs et des analystes du secteur: le peu d'intérêt des jeunes pour les séries et téléfilms français. En France, "on fait une fiction qui n'est pas tendance", résume Christian Charret, producteur et vice-président du festival, qui a décerné cette année le prix du meilleur téléfilm à Arte pour "Belleville story", une histoire qui traite de gangs. Une étude du cabinet NPA réalisée pour le festival de la Rochelle montre que près de la moitié du public de la fiction française est âgé de plus de 60 ans et seulement 15% de moins de 35 ans.
A l'inverse, la fiction américaine attire beaucoup plus de jeunes (32%). Pendant longtemps les chaînes françaises ont demandé aux producteurs de "rajeunir" leurs oeuvres, mais sans perdre le public de plus de 50 ans, par peur de voir leur audience chuter. Or, "si on veut aller vers un public plus jeune, il ne faut pas avoir peur de faire moins d'audience", insiste Thomas Anargyros, producteur. Pour faire revenir les jeunes, les solutions diffèrent d'une chaîne à l'autre. Chez France Télévisions (France 2, France 3), leader de la fiction française, une stratégie vient d'être mise en place pour récupérer les moins de 40 ans. Pour cela, un directeur a été récemment nommé à la tête de la fiction de France 2 et France 3, Vincent Meslet. Une rencontre a eu lieu entre lui et les producteurs de fiction la semaine dernière pour expliquer les nouveaux objectifs de reconquête du jeune public par France Télévisions. Désormais, le groupe va multiplier les séries et s'adonner à des genres auxquels il s'est interdit jusqu'à présent, comme le fantastique. "Il faut relever le défi de la série. On ne sait pas faire des séries +addictives+", regrette Vincent Meslet. Son groupe est pourtant à l'origine du plus grand, et quasi unique, succès pour une fiction française: "Plus belle la vie", qui attire plus de 5 millions de téléspectateurs tous les soirs.
Pour Arte France, qui s'adresse a priori aux plus de 50 ans, le leitmotiv est le même. "L'enjeu actuel est de récupérer les jeunes par la série", explique François Sauvagnargues, son directeur de fiction. Dix projets de séries sont en cours d'écriture par une quarantaine d'auteurs dont la moyenne d'âge tourne autour de 30 ans. Tous les genres seront testés, afin de trouver celui qui répondra le mieux à la cible: fantastique, thriller, aventure... Mais pour les 15-24 ans, la comédie reste le genre le plus attractif, selon NPA. La diffusion de séries sur internet (web-séries) s'avère essentielle pour attirer certains publics qui ne regardent plus la télévision, estiment Arte et Canal+. TF1 va de son côté proposer des séries "autres que les polars", explique Nathalie Laurent, sa directrice artistique de la Fiction. "Mes amis, mes amours, mes emmerdes", série chorale sur des quadras prochainement sur les écrans, semble une réponse. La longueur des séries pose aussi question: celles de 26 minutes, voire de quelques minutes pour le web, paraissent mieux adaptées aux nouveaux styles de vie, selon les chaînes. Mais la production de tels programmes, en particulier les web-séries, n'en est qu'à ses balbutiements.
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