L'avenir de la TNT française en question

La fin de la TNT en 2030 ? C'est que vous pourrez lire sur certains sites friands d'annonces chocs, suite à la publication d'une Consultation publique du ministère de la Culture. Mais est-ce vraiment ce que dit le gouvernement ou juste de nouvelles fakenews anxiogènes ?

Vous pensez peut-être que la télévision hertzienne est vouée à disparaître dans un monde dominé par le streaming ? Détrompez-vous ! L'avenir de ce service incontournable, qui semble menacé par l'essor fulgurant des plateformes OTT et des solutions IPTV, n'est pas aussi sombre que le souhaitent ses détracteurs. Au contraire, le gouvernement se penche enfin sur son évolution technologique.

Une continuité stratégique plutôt qu'une disparition annoncée

Loin de se résigner à l'obsolescence, le ministère de la Culture et l'Arcom réaffirment que la TNT demeure un outil indispensable pour l'information, la communication en cas de crise, et surtout pour assurer un accès gratuit aux chaînes nationales et locales sur l'ensemble du territoire. Avec plus de 95 % de couverture, notamment dans les zones rurales isolées, la télévision hertzienne conserve ses atouts stratégiques qui ne sauraient être balayés par l'évolution numérique.

Le document de consultation met en lumière les limites du modèle actuel de la TNT face à l'essor des services numériques. Toutefois, loin de vouloir abandonner ce mode de diffusion, le gouvernement propose de le moderniser en intégrant des solutions techniques avancées telles que le DVB-T2 (technologie de diffusion dont nous parlons sur telesatellite.com depuis de longues années), le HEVC et les spécifications HbbTV. Ces technologies visent à améliorer la qualité d'image, en passant de la HD 1080i à des résolutions supérieures, et à enrichir l'expérience utilisateur par des services interactifs. France Télévisions, par exemple, a déjà expérimenté avec succès une diffusion en UHD lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 et continue de le faire.

L'hybridation : conjuguer tradition et innovation

La transformation envisagée repose sur un modèle hybride alliant les forces traditionnelles de la diffusion hertzienne et les innovations offertes par l'internet. Plutôt que d'effacer la TNT, ce scénario propose de la renforcer en complétant le flux linéaire par des fonctionnalités interactives et des services à la demande. L'objectif est de créer une interface unifiée où les téléspectateurs pourraient, d'un simple clic, accéder à des contenus en direct, en rattrapage ou personnalisés, tout en bénéficiant de la robustesse et de la couverture nationale propre à la TNT. Faire de la télévision à la demande sur la TNT, quelque chose que l'on connaît déjà timidement en France avec quelques services HbbTV.

la question de fréquences en or

Au-delà des défis technologiques, le document souligne la nécessité de repenser l'utilisation des fréquences. Les précédentes réattributions des bandes 800 MHz et 700 MHz pour le déploiement de la 4G et de la 5G démontrent que la question du spectre est cruciale. Une révision à l'horizon 2031 pourrait entraîner une réaffectation partielle de la bande 470-694 MHz, mais le gouvernement envisage des mesures d'accompagnement pour garantir que la diffusion de la TNT, dans sa forme modernisée, reste accessible et de qualité. Cette approche, fondée sur une coordination étroite entre le secteur public et privé, vise à éviter toute rupture brutale dans l'offre audiovisuelle.

Si le diagnostic initial peut paraître inquiétant pour les acteurs traditionnels, il s'inscrit dans une logique de transformation plutôt que de disparition. Le gouvernement ne cherche pas à jeter l'éponge sur la TNT, mais à la réinventer pour qu'elle s'adapte aux évolutions numériques utiles et nécessaires. Cette consultation publique est un appel à contribution des professionnels et des connaisseurs afin d'élaborer un modèle hybride, qui combine la fiabilité historique de la diffusion hertzienne avec l'agilité et l'interactivité des services en ligne. Le pari est audacieux, mais les premières expérimentations - notamment la diffusion en UHD et l'intégration de fonctionnalités interactives - montrent déjà la volonté d'un renouveau, même s'il est timide et à la traîne en comparaison des autres pays européens.

Loin d'une mort annoncée, c'est au contraire l'avenir de la TNT se dessine sous le signe de l'innovation et de la modernisation. Le gouvernement, conscient des enjeux et des défis à relever, se montre résolument tourné vers l'avenir. Plutôt que de condamner la télévision hertzienne, il mise sur son adaptation pour offrir aux téléspectateurs une expérience enrichie, garantissant à la fois la continuité d'un service public essentiel et l'émergence d'une nouvelle ère audiovisuelle plus en ligne avec les technologies du numérique d'aujourd'hui. Mieux : la TNT pourrait devenir capable de rivaliser avec les plateformes numériques tout en conservant ses spécificités et sa robustesse... et sa gratuité (enfin, pas de si gratuite puisque, ne l'oublions pas, tout ceci est financé avec l'argent des français).