Exploration spatiale
 

Espace (de plus en plus) privé !

Carlos PIRES
17 mai 2021 à 14h06

Pendant des décennies, l'espace a été la chasse gardée des gouvernements en raison des sommes faramineuses nécessaires pour explorer les cieux ou la Lune.

Mais, depuis quelques années, s'il y a autant d'activité au-dessus de nos têtes, c'est notamment grâce aux fortunes investies par les deux hommes les plus riches du monde - Jeff Bezos, mais surtout Elon Musk -, nous faisant penser que quelque chose ne tourne plus rond (et ce n'est pas la Terre !).

Faisons-nous une raison : l'actuelle Station Spatiale Internationale, authentique « auberge espagnole de l'espace » et seule véritable collaboration internationale à l'échelle gouvernementale, semble avoir ses jours comptés. La Russie et la Chine sont bien décidées à développer leur propre laboratoire orbital de leur côté et à collaborer ensemble pour installer une base lunaire, alors que pour l'Europe, malgré la quête d'une nouvelle génération d'astronautes, le futur reste flou. Les États-Unis, eux, ont désormais (et de nouveau) la tête dans la Lune et les yeux tournés vers Mars et au-delà.

Mais c'est le secteur privé qui est amené à jouer ici un rôle majeur. Elon Musk, l'homme du moment, a su rendre sa société SpaceX indispensable pour les expéditions spatiales américaines de nouvelle génération - transport d'équipages et de matériel vers l'ISS, vaisseaux capables d'accomplir des missions lunaires, martiennes et plus si affinité - le tout en développant des lanceurs réutilisables aux résultats impressionnants sans aucune pertes humaines à ce jour.

SpaceX, qui a plusieurs cordes à son arc, ne se contente pas de jouer un rôle de fournisseur. Il s'est également fixé l'objectif d'offrir, via sa constellation Starlink, des services internet par satellite à bas coût à la Terre entière afin de réduire la fracture numérique, se substituant ainsi aux états. Il n'est pas le seul sur ce segment : le Project Kuiper (de Jeff Bezos), OneWeb ou encore Telesat sont bien décidés à prendre une part de ce cadeau que l'on imagine appétissant en commercialisant également leur propre constellation. Au niveau des gouvernements, notamment en Europe, on en est encore au stade la réflexion. Seule la Chine semble avoir progressé.

Le secteur privé investit, en outre, dans le tourisme spatial, segment porteur comme le démontre le grand nombre de candidats qui attendent leur tour pour effectuer un voyage dans les étoiles. Si Virgin Galactic de Richard Branson accumule les retards à l'allumage depuis de nombreuses années et que le New Shepard de Blue Origin (de Jeff Bezos) semble enfin toucher au but, d'autres ont pris les devants. C'est le cas d'Axiom Space qui a annoncé, pour 2022, la première mission entièrement privée à bord de l'ISS, s'appuyant pour cela sur le transport fourni par SpaceX. Une initiative que la NASA voit d'un bon œil, elle qui a ouvert la station spatiale à des activités commerciales, y compris des missions d'astronautes privés, dans le cadre de son plan de développement d'une économie robuste et compétitive en orbite terrestre basse dont elle pourrait bénéficier dans le futur.

D'ici là, d'autres acteurs privés pourraient encore débarquer. La preuve que le temps où les états faisaient la pluie et le beau temps là-haut est bien révolu...

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