Telefonica
 

Telefonica veut grossir en Europe

Carlos PIRES
9 septembre 2025 à 16h27

Le groupe espagnol Telefonica cherche à acquérir de nouveaux actifs télécoms en Europe et au Brésil, tout en cédant ses filiales latino‑américaines hispanophones, afin de financer une stratégie de consolidation du secteur sur le continent.

Son directeur général, Marc Murtra, a indiqué qu'il présentera son premier plan stratégique d'ici la fin de l'année, après avoir pris ses fonctions en janvier. Les cibles potentielles se situent en Allemagne, au Royaume‑Uni, en Espagne et au Brésil.

Murtra souhaite que l'entreprise gagne en taille tout en conservant sa notation de crédit « investment grade ». Il plaide pour un assouplissement des règles européennes en matière de fusions, estimant que le marché est trop fragmenté : en 2024, 41 opérateurs comptaient plus de 500 000 clients chacun en Europe, contre cinq aux États‑Unis, quatre en Chine et au Japon, et trois en Corée du Sud, selon Connect Europe.

Ancien président du groupe de défense et de technologie Indra, Murtra estime que l'Europe doit suivre le rythme des évolutions technologiques, notamment dans l'intelligence artificielle, sous peine de perdre du terrain. Il propose un « contrat social » : autoriser les opérateurs à se développer en échange d'investissements dans des secteurs connexes comme la cybersécurité, les centres de données ou les infrastructures.

« Si l'Europe veut une autonomie stratégique et technologique, nous allons devoir avoir de grands opérateurs technologiques européens, voire des opérateurs titanesques », a‑t‑il déclaré. « Je ne veux pas dramatiser, mais imaginez une Europe où les systèmes satellitaires, les hyperscalers et l'intelligence artificielle sont entre les mains de spécialistes de la technologie - et cela pourrait arriver. »

Pour dégager des marges de manœuvre financières, Telefonica a accepté de vendre ses filiales en Argentine et en Uruguay, et étudie des cessions au Chili, au Mexique et en Équateur. Selon les analystes de Kepler, ces ventes pourraient libérer jusqu'à 3,6 milliards d'euros pour financer de futures acquisitions.