Les plateformes de streaming américaines injectent un record de 397 millions d'euros dans la production audiovisuelle française en 2024

L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a dévoilé un bilan historique pour le financement de la création française.

Les géants du streaming Netflix, Disney+, Prime Video, Apple TV+ et Crunchyroll ont contribué à hauteur de 397 millions d'euros à la production audiovisuelle et cinématographique en 2024, marquant une progression significative par rapport aux années précédentes. Ce montant représente près de 25 % du total des investissements obligatoires, qui s'élèvent à 1,61 milliard d'euros, dont 90 % dédiés à des œuvres d'expression originale.

Cette performance s'explique par l'obligation légale imposée aux services de médias audiovisuels à la demande (SMAD) étrangers : ils doivent consacrer 20 % de leur chiffre d'affaires réalisé en France au soutien de la production locale. Sur les 397 millions injectés, 317 millions ont été alloués à l'audiovisuel, séries, fictions, spectacles vivants et théâtre, tandis que 80 millions ont nourri le cinéma.

Martin Ajdari, président de l'Arcom, a salué cette dynamique lors de la présentation, soulignant le rôle croissant des plateformes étrangères dans l'écosystème culturel national.

Antoine Boilley, membre du collège de l'Arcom en charge du dossier, tempère toutefois l'enthousiasme : « Les perspectives pour 2025 seraient plutôt favorables », mais un ralentissement est anticipé en 2026, sous l'effet d'un repli du marché publicitaire et d'une baisse des subventions à l'audiovisuel public. De plus, de nouveaux acteurs entreront dans la danse : Paramount+ sera assujetti dès 2025, suivi probablement de HBO Max (ex-Max), lancé en France en 2024.

Ce bilan intervient dans un contexte de débats sur la réforme de l'audiovisuel public, marqué par des déficits récurrents et des interrogations sur la neutralité des médias. Pour les professionnels du satellite et de la diffusion hertzienne, cette manne des OTT (over-the-top) renforce la concurrence tout en dopant l'offre de contenus premium, diffusables via des bouquets hybrides.

Ce bilan de l'année 2024 consacre les plateformes comme piliers incontournables de la création française, avec des implications durables pour l'ensemble du secteur audiovisuel. Reste à veiller à ce que cette croissance ne s'essouffle pas face aux vents contraires économiques.