Italie
 

Rédaction
3 décembre 2003

Les sénateurs italiens ont approuvé définitivement une importante réforme de l'audiovisuel dénoncée par l'opposition comme favorisant le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, principal acteur de ce secteur. Le texte avait été adopté début octobre par les députés et la réforme devait être impérativement adoptée avant la fin de l'année pour éviter à M. Berlusconi de perdre l'une de ses trois chaînes de télévision. Le projet de loi du ministre des Communications, Maurizio Gasparri, lève en effet l'interdiction faite à une même personne de posséder plus de deux chaînes de télévision nationales diffusées par voie hertzienne. Or, le groupe Mediaset de M. Berlusconi possède trois chaînes hertziennes nationales et une décision de la Cour constitutionnelle lui a imposé de transférer avant la fin de l'année 2003 l'une d'entre elles sur le satellite pour respecter les lois de la concurrence. Le projet permet également à une même société de cumuler jusqu'à 20% des recettes de l'ensemble du marché des communications: redevances, abonnements, publicité nationale ou locale, parrainages. Il ouvre enfin la voie à une privatisation partielle à partir de 2005 de la RAI, le service public audiovisuel italien, et autorise à partir de 2009 un même groupe à devenir pluri-médias (télévision, radio, presse écrite). 155 sénateurs ont voté pour la réforme et 128 contre. Aucun ne s'est abstenu, selon le décompte des suffrages exprimés. Le Sénat compte 315 élus et la coalition gouvernementale dirigée par Silvio Berlusconi est majoritaire avec 177 sièges. Officiellement conçue pour préparer l'Italie au passage en 2007 à la télévision numérique terrestre, qui permettra à terme de disposer de quelque 140 chaînes transmises par voie hertzienne, la réforme est dénoncée par l'opposition comme "taillée sur mesure" pour M. Berlusconi. Le centre-gauche a d'ailleurs d'ores et déjà prévu une manifestation mercredi devant le Panthéon pour protester contre la loi Gasparri. Le dernier espoir, ténu, pour l'opposition réside dans le fait que le chef d'Etat, Carlo Azeglio Ciampi, pourrait ne pas signer cette loi et la renvoyer devant le Parlement s'il la juge anticonstitutionnelle. Propriétaire de trois chaînes de télévision, d'une régie publicitaire et d'une maison d'édition dégageant d'importants bénéfices, le chef du gouvernement Silvio Berlusconi est actuellement le seul acteur du secteur audiovisuel du pays à pouvoir tirer parti des dispositions de cette réforme. Le titre Mediaset avait d'ailleurs gagné 3% lors de l'adoption du projet de réforme le 2 octobre. La société affiche une bonne santé sur un marché incertain et le numéro un de la télévision privée italienne indique qu'il table pour l'ensemble de l'année 2003 sur un résultat supérieur à celui de 2002. Preuve supplémentaire de l'intérêt de M. Berlusconi à voir rapidement adopter la loi Gasparri, le gouvernement a renoncé à modifier par voie législative un amendement auquel il est pourtant opposé, interdisant la programmation à la télévision des publicités représentant des enfants, soit une sur trois actuellement. Cette disposition a été adoptée par la Chambre des députés le 1er octobre grâce aux votes de nombreux députés de la coalition au pouvoir. Mais le gouvernement n'a pas tenté de la faire abroger au Sénat, car cela aurait imposé une nouvelle navette entre les deux chambres du Parlement. Il prévoit de la supprimer ensuite avec un décret-loi.

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