Politique
 

Rédaction
15 novembre 2002

Protéger les enfants de la violence et de la pornographie à la télévision de 7h00 à 22h30, instituer un système de double cryptage ou de paiement à la séance pour le "porno" et réorganiser la commission de classification des films : la philosophe Blandine Kriegel a présenté son rapport au ministre de la Culture. Constatant un effet social et psychique de l'impact de la diffusion de spectacles violents sur les plus jeunes, et un "retard signalé de la France par rapport à ses voisins européens dans la mise en place d'instruments de régulation", la commission a auditionné de nombreuses personnalités, des associations familiales, des médecins et magistrats. "En cas de heurt perpendiculaire entre le principe de liberté et le principe de protection des enfants, on doit faire prévaloir le droit des enfants", indique le rapport de la commission composée de 38 personnalités. M. Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture et de la Communication, a mis en avant le choix de la "concertation", plutôt qu'une interdiction brutale et a indiqué qu'un appel était fait à "la responsabilité de chacun". Blandine Kriegel a précisé qu'elle demandait "la fin des exceptions" pour la diffusion de films interdits aux moins de 12 ans dans les "plages d'audience générale", accessibles à tous les publics. Actuellement, la diffusion de quatre films par an est permise à 20h50. "Les exceptions de transgression qui subsistent doivent peu à peu être résorbées sous peine de sanctions pécuniaires", indique le rapport. La pornographie doit être réservée "exclusivement aux adultes": Mme Kriegel suggère la mise en place d'un système de double cryptage ou de paiement à la séance pour les programmes pornographiques, ainsi que des "abonnements spécifiques" pour les spectacles ou chaînes pornographiques dans les bouquets de programmes. De même, seraient prohibées pendant les heures protégées "les bandes-annonces représentant des images violentes ou pornographiques". Une réorganisation moins laxiste de la commission de classification des films est proposée pour se rapprocher de la moyenne européenne, avec une extension "progressive" à tous les écrans, vidéocassettes, DVD, jeux vidéos et "ultérieurement internet". Actuellement, cette commission ne classe que 20% des films alors que nos voisins en classent 80%. La commission de classification admettrait en son sein des représentants du droit des enfants ainsi que des diffuseurs. Le droit de veto serait obtenu par un vote à la majorité simple et son droit d'interdiction absolu ferait place à la décision du juge. Outre un renforcement des missions du Conseil supérieur de l'Audiovisuel qui pourrait prononcer "des sanctions pécuniaires contre les contrevenants", la commission demande aux chaînes de vérifier si la signalétique qu'elles accordent à leurs fictions sont conformes aux critères de la commission de classification des films. Est enfin préconisée une commission d'évaluation de la dérive violente des chaînes et la publication de la charte de déontologie des chaînes. La mission a dénoncé la "télé-réalité qui viole l'intimité et le respect de la vie privée" ainsi que certains magazines "dits de société." Le rapport souhaite aussi une généralisation de "l'éducation à l'image". Si ces solutions n'étaient pas appliquées d'ici un an, la commission demande que "des mesures plus drastiques soient alors prises". Le ministre délégué à la Famille Christian Jacob a estimé que ce rapport "va incontestablement dans le bon sens et vise à une meilleure protection de l'enfance".

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