
Commission d'enquête sur l'audiovisuel public : des députés exigent opacité et huis clos sur les auditions
À peine créée, la commission d'enquête parlementaire sur « la neutralité, le fonctionnement et le financement de l'audiovisuel public » est déjà le théâtre d'une bataille interne qui en dit long sur la volonté de certains élus de limiter la transparence vis-à-vis des citoyens.
Le point de discorde ? Le rapporteur de la commission, le député Charles Alloncle (UDR), a eu l'audace - selon ses collègues - d'annoncer publiquement, dans la presse, les dates prévues pour plusieurs auditions très attendues. Parmi les personnalités citées figuraient Delphine Ernotte (présidente de France Télévisions), Sibyle Veil (présidente de Radio France), l'actuel et l'ancien président de l'Arcom, Martin Ajdari et Olivier Schrameck, ainsi que des journalistes et animateurs emblématiques comme Thomas Legrand, Patrick Cohen, Léa Salamé, Julien Lepers ou Patrick Sébastien.
Cette simple communication, pourtant classique dans le fonctionnement des commissions d'enquête lorsque les convocations sont en voie de finalisation, a immédiatement déclenché la colère de deux membres de l'opposition, les députés Jérémie Iordanoff (écologiste, Isère) et Sophie Taillé-Polian (Génération.s, Val-de-Marne).
Dans un courrier adressé au président de la commission, Jérémie Patrier-Leitus, ils dénoncent un « incident de fonctionnement grave » et exigent que dorénavant « le calendrier et les modalités des auditions soient systématiquement communiqués en interne avant toute diffusion publique ».
Derrière les arguments de procédure - risque de « pressions extérieures » sur les personnes convoquées ou « rupture d'égalité d'information entre les députés » - se dessine une réalité plus crue : une partie des parlementaires souhaite maintenir le public dans l'ignorance la plus longue possible des dates et de l'identité précise des personnalités qui seront entendues sous serment.
Or, ces auditions concernent directement l'usage de l'argent public - plus de 4 milliards d'euros par an - et les soupçons récurrents de partialité politique dans les médias financés par le contribuable. Les Français ont donc un intérêt légitime à savoir quand et qui leurs représentants vont interroger sur ces sujets sensibles.
Alors que le rapporteur a choisi la transparence, certains parlementaires ont toujours du mal à accepter que, dans une démocratie moderne, le contrôle de l'audiovisuel public ne peut plus être une affaire réservée à la seule caste politique. Les citoyens, contribuables et téléspectateurs, ont le droit d'être informés en temps réel de la manière dont leurs représentants exercent leur mission de vigilance.
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