Agence spatiale européenne
 

Rédaction
28 septembre 2003 à 01h00

La première sonde lunaire européenne SMART-1 a été lancée avec succès dans la nuit par une Ariane 5 générique, qui a également placé sur orbite deux satellites de télécommunications, Insat pour le compte de l'Agence indienne de recherche spatiale et e-Bird pour EUTELSAT. "C'est une superbe soirée pour nous, c'est remarquable", s'est réjoui le directeur général d'Arianespace, Jean-Yves Le Gall. "On a lancé deux satellites plus une sonde lunaire après une année très difficile", a-t-il ajouté, faisant allusion à l'échec d'une Ariane 10 tonnes le 12 décembre. "Avec ce succès, tout indique que nos comptes seront à l'équilibre en 2003", a-t-il indiqué, précisant qu'Arianespace prévoyait 5 ou 6 lancements d'Ariane 5 générique et espérait toujours une reprise des vols d'Ariane 10 tonnes (ECA) au premier semestre 2004. Ce 161e lancement d'Ariane est intervenu à 20H14 locales (23H14 GMT). Cette mission était la quatrième de l'année pour Arianespace, et le 14e lancement commercial d'une Ariane 5 générique. Mission capitale pour l'Agence Spatiale Européenne (ESA) qui, après le lancement de Mars Express en juin dernier, confirme sa stratégie interplanétaire, SMART-1 est le premier satellite européen à utiliser la propulsion hélio-éléctrique comme principal mode de propulsion, qui sera associé à la force d'attraction lunaire. La sonde SMART-1 ne se posera pas sur la Lune, distante de 400.000 km. Elle évoluera sur une orbite en spirale de plus en plus ample qui la rapprochera au fil des mois de sa cible, pour finalement être capturée par le camp gravitationnel de l'astre. De là, elle effectuera des observations depuis son orbite d'où elle bénéficiera d'une vue d'ensemble. Une fois sur orbite lunaire, en décembre, elle réalisera des mesures pendant 6 mois, voire un an. Selon David Southwood, directeur des programmes scientifiques de l'ESA, SMART-1 est la première d'une série de petites missions de recherche sur des technologies de pointe (Small Missions for Advanced Research in Technology, ou SMART). Elle a pour mission de tester "plusieurs techniques et instruments nouveaux indispensables aux futures missions interplanétaires", a-t-il expliqué. SMART-1 devra également aider les scientifiques à élucider certaines énigmes concernant la formation de la Lune, sa composition minéralogique précise, ou le fait de savoir si elle abrite de l'eau et en quelles quantités. Car si les scientifiques disposent "d'informations ponctuelles sur la Lune, il leur manque une vision globale". Ils veulent comprendre comment le système Terre-Lune s'est formé, et comment il a évolué, mais aussi cerner le rôle joué par certains phénomènes géophysiques (volcanique, tectonique, formation des cratères ou érosion) dans le modelage de la Lune. La face cachée de la Lune,et les régions polaires restent largement inexplorées. La présence d'eau sur la Lune n'a jamais été confirmée, malgré les preuves indirectes recueillies par la sonde américaine Lunar Observer dans les années 1990. "L'Europe fait de la science dans l'espace pour assurer son indépendance technologique, préserver son identité culturelle et démontrer sa capacité à avoir de la vision", a lancé David Southwood quelques heures avant le décollage.

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